Homeland, série hollywoodienne maintes fois primée et « série favorite » de B. Obama a souvent été critiquée pour les clichés qu'elle véhicule sur les musulmans et le Moyen-Orient :
- « How Showtime’s Homeland Stereotypes Muslims » - The Progressive
- « 'Homeland,' Obama’s Show » - Al Jazeera
- « Islamophobia TV » - SocialistWorker.org
- « A ‘Homeland’ We Pakistanis Don’t Recognize » - New-York Times
- « TV’s most Islamophobic show » - Salon.com
- « ‘Homeland’ is the most bigoted show on television » - Washington Post
...
Ainsi, comme le résume le blog Le cinéma est politique :
La série fabrique les représentations de deux camps : celui de l’«Humanité» incarnée par un bloc Etat-Unis-Israël versus une «sous-humanité» incarnée par un bloc Palestine/Iraq/Afghanistan/Pakistan/Iran arabo-perse. Cette perspective se retrouve dans la manière de représenter l’usage de la violence : celle du bloc Etat-Unis-Israël est high-tech, morale, justifiée, scrupuleuse et mesurée…civilisée, tandis que celle des « Autres » est sanguinaire, immorale, barbare… terroriste.
« Pourquoi nous avons "piraté" Homeland »
Dans le dernier épisode diffusé, "The Tradition of Hospitality", le second de la cinquième saison, une partie de l'action se déroule dans un camp de réfugiés syriens. Le tournage ayant eu lieu à Berlin, le camp a été créé de toute pièce par l'équipe du tournage. Et, pour parfaire l'authenticité du décor, la production avait décidé d'engager des street-artists pour qu'ils y produisent des graffitis.
Pas de bol pour les producteurs, ces graffeurs vont en profiter pour faire passer leur propre message !
Heba Amin raconte sur son blog :
Au début du mois de juin 2015, nous avons été contacté par un ami très actif dans le street-art et le graff à Berlin durant les 30 dernières années et qui a énormément étudié le graffiti au Moyen-Orient. Il avait été contacté par la société de production de Homeland, qui cherchait des "artistes arabes de street-art" pour ajouter de l'authenticité à la reproduction d'un camp de réfugiés syrien à la frontière entre la Syrie et le Liban, pour leur cinquième saison. Vu la réputation de la série, nous n'étions pas vraiment emballés. Puis, nous avons réalisé que cette intervention pouvait être le relai de notre -et de beaucoup d'autres- désaccord politique avec ce show. C'était à notre tour de retourner le message, en utilisant la série elle-même.
Lors de la première réunion, on nous a donné des photos de graffiti pro-Assad - apparemment communs dans un camp de réfugiés syrien. Nos instructions étaient :
1. le graffiti doit être apolitique
2. ne pas copier les images à cause du copyright
3. écrire "Mahomet est le plus grand" est ok, bien entendu.
Les décors devaient être terminés en 2 jours, pour que le tournage se fasse le troisième. Nous nous sommes armés de nos propres slogans, des proverbes permettant une interprétation critique, et, si la chance se présentait, des critiques directes contre la série. Et c'est ce qu'il se passa.
Les techniciens étaient trop occupés pour faire attention à nous [...] Le contenu de ce que nous écrivions sur les murs ne les intéressait pas. À leurs yeux, ces écritures arabiques étaient simplement un "plus" visuel complétant l'horreur-fantastique du Moyen-Orient ; une fresque déshumanisant une région entière en silhouettes inhumaines vêtues de burqas noires, et pire encore dans cette saison, en réfugiés. La série crée ainsi une chaine de causalité avec les arabes à son début et à son issue - ils sont les victimes et leurs propres bourreaux.
Comme nous l'avions brièvement écrit sur les murs de ce faux camp de réfugiés syriens, qui n'était qu'une usine abandonnée de la banlieue berlinoise:The situation is not to be trusted - الموضوع فيه أن.
The Arabian Street Artists //
Heba Amin
Caram Kapp
Stone