Lors d’un mini-trip à Marrakech, j'ai visité un endroit magique.
En préparant mon voyage, je suis tombé sur un article parlant du Jardin Rouge et en voyant les photos, je me suis dit : « il faut que j’en sache plus »… Je les ai retrouvés sur Facebook, mais cela restait toutefois fort mystérieux : l’article mentionnait juste qu' il y avait, non loin de Marrakech, un lieu où certains graffeurs laissaient libre-cours à leur imagination. Une fois arrivé au Maroc, j’ai commencé à me renseigner mais personne ne connaissait cet endroit. Je me suis donc décidé à leur envoyer un message afin de les rencontrer.
Après quelques échanges, je reçois finalement un plan dessiné à la main et une heure de rendez-vous pour visiter le Jardin Rouge et faire une interview avec l’une des personne qui travail sur place.
Comme le plan m’indiquait que le Jardin se trouvait à 20km de Marrakech, j’ai décidé de louer une mobylette et de braver la circulation pittoresque du Maghreb et c’est peu dire. Après une heure de route, des tours et des détours par des minuscules villages et des vues splendides sur l’Atlas enneigé, j’arrive enfin à une porte en bois, fermée… Je commence à désespérer. Heureusement, la porte s’ouvre enfin et là, j’en prends pleins les yeux.
Le Jardin Rouge, il faut le mériter mais il est à la hauteur de mes attentes. Alors que les alentours sont un peu arides et perdus, les jardins, eux, sont verdoyants et chaque bâtiment est couvert de fresques et de graffitis. Des statues de lapins rouges géants côtoient des vaches et des chevaux qui eux sont bien réels, même si leurs enclos ont aussi été peints.
Et puis, tout au bout du chemin, au milieu de cet oasis, un grand riad où habite le propriétaire de la Fondation Montresso, Jean-Louis, un homme d’affaire féru d’art moderne, de street-art et qui a ouvert sa demeure aux artistes.
Il n’y pas que dans les jardins où la peinture est présente : des toiles sont accrochées aux murs de tous les bureaux et dans toutes les pièces. Dans le grand salon commun, une installation faite de casques militaires roses côtoie un Jim Morrison arborant une crinière de volaille. Chaque pièce, chaque recoin du lieu révèle des tableaux sur toiles, sur mur ou encore sur planche. Dans le jardin encore, des statues d’Alien et de Predator font la nique aux palmiers, un dromadaire bleu et rose garde la piscine, des petits anges vous invitent sur une terrasse où l'on s'imagine bien boire un thé la nuit tombée… afin d’y refaire le monde ou l’Histoire de l’Art, avec les peintres qui sont invités dans ce havre de création.
Pour la petite histoire, c’est en 2007 que Jean-Louis commence à inviter, de manière informelle, des artistes dans son riad. Petit à petit, l’envie de leur offrir de meilleurs conditions de travail et un grand espace le pousse à agrandir le riad. Il y ajoute des ateliers, des logements communs, un grand salon, une piscine.
Au début de l’aventure, certains artistes recevaient des bourses pour venir peindre. Ces bourses représentaient l’équivalent d’un salaire si ces artistes avaient été employés dans leur secteur.
En 2014, Jean-Louis recrute une directrice artistique. Plus tard, il rajoute deux personnes à son équipe. Ces dernières gèrent le quotidien de la communauté, et participent aux choix des futurs artistes en résidence.
En effet, un artiste peut soit envoyer une candidature spontanée avec un portfolio ou être invité directement grâce à des connexions professionnelles avec d’autres artistes. Mais le choix final revient toujours à Jean-Louis et à Estelle (la directrice artistique).
Mis à disposition des artistes invités, il y a des ateliers lumineux, du matériel pour peindre, mais aussi du soutien de la part de peintres locaux, ce qui crée des échanges culturels et de techniques artistiques les plus divers.
Au cours de la ballade, par exemple, j’ai pu croiser l’artiste Goddog (Damien), qui m’explique qu’avant de venir ici, il ne peignait qu’à la bombe. Grâce à l’invitation de Jean-Louis, il a pu travailler en collaboration avec des peintres marocains pour apprendre certaines techniques du pinceau.
À la question de savoir si c’est facile de travailler dans un cadre pareil (soleil, piscine, petits plats marocains), Damien m’avoue que l’on mets un petit temps et a s'adapter au rythme mais que très vite, l’envie de peindre est très forte et avec celle-ci, le souci de remplir le deal passé avec le maître des lieux.
Il m’explique également que les habitants du village ont de bonnes relations avec les artistes, certains allant même peindre l’une ou l’autre devanture de magasin ou jouer au foot avec les enfants.
Dans la propriété, donc, tout le monde vit et mange ensemble, ce qui permet aux artistes d’avoir des échanges, puisque bien souvent ils s’isolent dans leurs ateliers personnels. Dans cette demeure, il y a à la fois une ambiance de travail mais aussi une ambiance familiale, car le but est quand même que les artistes bossent et fournissent des œuvres avec un label de qualité, le label Jardin Rouge.
Le résultat de ces résidences est exposé lors d’événements qui peuvent avoir lieu à Jardin Rouge, qui ouvre alors ses portes au public ou au cœur même de Marrakech.
Jardin Rouge a été amené et sera amené à collaborer avec des galeries sur des événements ponctuels.
Tout ce petit monde fonctionne sur fond privé, soit via les fonds propres de la Fondation Montresso ou par la vente de certaines œuvres.
Le fond de la collection n'est pas fait uniquement des œuvres des artistes en résidence, c'est la collection de Jean-Louis, donc il y a du Calder, Seen, Jonone, Rancinan... Combas, Ben, Gloria Friedman... et beaucoup d'autres.
Dans une envie de développer le mouvement culturel au Maroc, la Fondation Montresso pense qu’il est important de créer des événements culturels et c’est dans ce sens que leur nouveau projet serait l’ouverture d’un musée au sein de Jardin Rouge pour que tout le monde puisse venir admirer cette superbe collection. C’est prévu pour 2016, « Inch Allah» comme on dit là-bas.
L'artiste Kouka est en résidence du 4 mai au 7 juin à Jardin Rouge, des visites sont possibles, sur rendez-vous.
Merci à Élise pour son accueil chaleureux et l’interview autour du thé à la menthe.
Merci à Cath' pour la relecture, les modifications et les jolies photos.
Illia Selecta
BONJOUR
BON VENT ET BONNE REUSSITE
EXCELLENTE INITIATIVE ARTS CULTURES DANS UN TEMPS TROUBLE
BRAVO
A BIENTOT