Retrochronics, par l’Inspecteur Harensky :
La production musicale actuelle, pléthorique, nous plonge dans un flot incessant de nouveautés faisant qu’on passe souvent à côté de sorties essentielles. Certaines œuvres, aussi, ne prennent leur saveur que dans le temps. À l’heure où tout s’accélère, où le mélomane est pris dans un tourbillon incessant de nouvelles productions, il me semble essentiel de regarder en arrière et de prendre le temps de (re)découvrir certains albums ou artistes qui méritent mieux que de finir en compost, recouvert quotidiennement par la frénésie créatrice.
Ces chroniques anachroniques au format court n’ont pas vocation à entrer dans le détail -s’agissant le plus souvent de sorties déjà commentées-, mais plutôt à mettre le doigt sur un album, un artiste ou un label, depuis déjà relégués au rang de vieilleries. Mais après tout, si vous ne l’aviez pas déjà entendu, c’est que c’est nouveau pour vous, non ? Et si vous le connaissiez déjà, peut-être n’avez vous pas pris la peine de bien l’écouter ? Internet et votre curiosité feront le reste.
DJ Hidden – The Words Below
(ADN118 - CD - 2009)
Les vinyles du néerlandais truffent depuis des années les bacs des dj's amateurs de grosse drum&bass dark et industrielle. Et pour cause : Hidden est sans doute le plus productif dans ce genre sur la dernière décennie. Et qualitativement, surnage au dessus du lot. Avec The Words Below, il délivre une pièce maîtresse, venant à point rappeler que les musiques dures savent aussi être d'une certaine façon douces. Ou comment tabasser en finesse. Un équilibre subtil est trouvé entre les rythmes hardstep et les atmosphères electronica qu'affectionne particulièrement Wessels, et que l'on retrouve d'ailleurs sous un forme adoucie via son projet Semiomime.
Dans son deuxième album, on s'éloigne clairement de la tendance autoroute et impersonnelle à laquelle la drum&bass nous avait peu ou prou habitués. DJ Hidden donne une âme aux corps rythmiques de ses compositions, la production et le mastering sont énormes, et l'album est à son aise aussi bien dans le cadre d'une écoute de salon que sur les platines des dj's avertis. À ce propos d'ailleurs, si l'album complet n'est sorti qu'en CD, Ad Noiseam a eu la bonne idée de sortir trois vinyles contenant six morceaux de l'album (The Dreamer, No Notice, The Narrators, The Traveller, The Words Below, et Drawn In) ainsi que des remixes inédits (The Devil's Instant, The Narrators). Cette trilogie est bien évidemment indispensable à tout dj collectionneur de vinyles et amateur de sonorités dures, et ça se trouve encore assez facilement en 2013, même neuf.
Extraits Audio :
Une enquête rétro-musicale menée par l'Inspecteur Harensky