100taur, quelque part entre peinture et sculpture

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Salut, peux-tu te présenter ?

Je suis Nicolas Giraud alias 100Taur, artiste plasticien.

 

Pourquoi le nom 100Taur ?

Ce pseudonyme découle de la passion que je nourris pour la mythologie, grecque en l’occurrence. Je l’ai adopté adolescent, alors que mon travail était à l’état de balbutiements.

Ma préférence va à Chiron qui, contrairement aux autres centaures connus pour leur violence et leur brutalité, était un sage avide de connaissances. Un monstre plus sympathique que les autres en gros ! Sa seule ressemblance avec eux réside dans son apparence physique : un corps de cheval, avec un torse et une tête d’homme.

 

– Si tu devais définir ton art et ton univers en une phrase ?

J’emprunterais à Francisco de Goya sa célèbre phrase : « Le sommeil de la raison engendre des monstres ». Je vous laisse méditer là-dessus…

 

Comment en es-tu arrivé à la pratique de ces disciplines que sont la peinture et la sculpture, peux-tu nous causer de ton parcours ?

J’ai toujours été un rêveur, et, tout petit déjà, le dessin, la peinture, ont été pour moi un formidable moyen d’évasion. Puis, petit à petit, ils m’ont rendu la vie plus facile, plus belle. Un jour sans dessin est un jour mort, impossible. J’ai un besoin quasi-maladif de dessiner tous les jours, ne serait-ce que sur un bout de papier, sur un coin de table.
Après un passage en Ecole de Communication Visuelle et aux Beaux-Arts, j’ai vite compris que ce que je recherchais, en termes d’enseignement, était ailleurs. J’avais besoin d’apprendre et de parfaire mes connaissances, et j’ai eu le privilège de rencontrer celui qui est devenu mon maître, Marc Dautry, célèbre et talentueux graveur-sculpteur, avec qui je partageais une certaine vision du monde et l’amour des mythologies et des chimères.
Il m’a accueilli chez lui et m’a appris énormément, non seulement la gravure, mais également d’anciennes techniques picturales qui ne sont malheureusement plus enseignées aux Beaux-Arts, ou seulement à titre exceptionnel…J’ai des cahiers remplis de ses « recettes », des mélanges précis de pigments, des conseils de gravure…que je garde comme des trésors.
En parallèle, je continue à pratiquer le graff, mais surtout de façon indépendante (voir mon dernier projet en cours : « The Slug Wall Project – SWP » - les gastéropodes, ma nouvelle obsession !).

Les rencontres sont déterminantes dans notre profession. J’ai la chance de côtoyer beaucoup d’artistes, à Toulouse, Paris, et aux Etats-Unis où j’ai eu l’opportunité d’exposer à plusieurs reprises ces dernières années, grâce notamment à Stacey Ransom et Jason Mitchell (directeurs artistiques et photographes) qui m’ont introduit dans le milieu LowBrow à San Francisco.

 

– Y'a t'il une de ces deux activités qui a plus de faveur à tes yeux, si oui laquelle ?

La peinture et l a sculpture sont deux axes essentiels de mon travail, mais il y a également le dessin, l’illustration, la gravure qui tiennent une grande place.

Toutes ces facettes complémentaires et indissociables forment un tout qui définit mon univers.

 

– Dans tes toiles on trouve souvent un aspect psychédélique, y-a-t-il des artistes, des mouvances ou des périodes qui t'ont inspiré et participé consciemment ou non à la naissance de ton univers ?

En tous les cas mon travail s’inscrit dans le mouvement « Low Brow », qui commence enfin, mais très lentement, à faire sa place en France.
Mes influences se caractérisent principalement par leur éclectisme. Sans hésitation, les artistes qui m’ont marqué profondément sont Le Caravage, Ulysse Aldrovandi, Jérôme Bosch, Ingres, Francis Bacon, J.M. Basquiat... Et j’admire beaucoup d’artistes plus contemporains dont il est impossible de donner une liste tant ils sont nombreux !
La littérature occupe une grande place également : les récits d’Edgar Allan Poe, d’H.P. Lovecraft, les livres d’Heroic fantasy, les comics…
De même que les films de série B , le tatouage, et comme je le disais, les mythologies…

 

– Quels matériaux utilises-tu pour tes sculptures, as tu des schémas de création plus ou moins établis ou est ce au hasard de la récupération de matériel ?

J’utilise de nombreux matériaux, extrêmement variés, de la résine, du bois, en passant par des os que je collecte lors de mes virées dans la nature, et bien d’autres encore.
Le hasard joue bien évidemment un rôle central dans toute démarche créative, mais j’ai généralement une idée très précise de ce que je veux faire, et les étapes par lesquelles je dois passer afin d’arriver au résultat escompté se mettent en place et se décomposent très rapidement dans mon esprit.

 

– La matière où l'aspect bois revient souvent dans tes œuvres, ainsi que le règne animal, es-tu particulièrement proche de la nature ?
J’aime la nature, le bois pour sa couleur et sa façon d’évoluer au fil des saisons, l’idée de l’enfant sauvage (« boy from the wood »), d’évoluer et de découvrir la vie naturelle…ça doit être ma part d’enfance , mon refus de grandir. Et découvrir un crâne dans une forêt, regarder les insectes sous les souches restent des plaisirs immenses pour moi.

 

– Des actualités et des projets à venir ?

Une exposition à Paris au sein de la galerie Nivet-Carzon (IVième arrondissement) – vernissage le 7 août, avec Jean-Michel Ouvry et Odö.
Une autre exposition avec mon ami Veks à Toulouse, en collaboration avec l’association Bakélite, la participation à des événements artistiques et des collaborations, la poursuite de mon projet d’art urbain « The Slug Wall Project »…

 

– Ta vision de la culture en France ?

Les arts plastiques font figure de parents pauvres des arts et de la culture en France, et les temps sont durs pour les galeries d’art. A Toulouse d’ailleurs, plusieurs lieux ont dû mettre la clé sous la porte, notamment la GHP qui était une galerie unique en son genre, car elle a su faire la part belle à la création émergente, à des mouvements artistiques peu connus en France, mais aussi au Street art.
Certes, beaucoup de gens s’intéressent à l’art en France, mais combien sont prêts à investir dans une petite toile, ou une sérigraphie, au détriment d’une énième fringue ? C’est une question qui interroge beaucoup de plasticiens mais j’ai envie de rester positif et de me dire que la prise de conscience se fera.
Dans tous les cas, je m’estime chanceux de pouvoir peindre, dessiner, sculpter, graver à plein temps.

 

– Si tu étais un livre, une chanson, un film ?

Dur de choisir…du coup :

Un livre : « Les Aventures de Huckleberry Finn » de Mark Twain.
Deux chansons : « While My Guitar Gently Weeps » de Georges Harrison / « Blowin' in the Wind » de bob Dylan.
Deux films : « Et au milieu coule une rivière » de Robert Redford / « Gandahar » de René Laloux à partir des dessins de Philippe Caza.

 

 

 

100Taur

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