Jmlaf , ou Jean-Marc Lafaye, est musicien. Mais aussi un dessinateur ! Il oscille entre la Bande-Dessinée, l'horreur, et le dessin critique. On retrouve dans ses œuvres, des personnages à la fois atypiques et proches de nos "moi" enfouis. Il fait ressortir le plus grand humour dans des images noires, ou au contraire, la plus belle des noirceurs dans un humour déconcertant. Derrière cela encore, il sait comment attirer notre attention par de simples conversations entre une mouche et son dessinateur, la mort et sa condition humaine ou remettre en question celle-ci sans même avoir besoin de l'expliquer. Ses dessins sont là, ce sont des faits. Et ils nous touchent profondément. Et j’ai eu l’honneur de lui poser quelques questions !
Voici donc, Jmlaf :
« Je suis né à peu près le 19 Mai 1973 à 11h42 du matin à La Ciotat dans les bouches du Rhône. Région que j'ai quittée vers l'âge de 7 ans pour venir m'enterrer en Ardèche. Où je vis encore pour le moment. Un jour, avec mon frère aîné, on faisait les imbéciles. Mon père était furieux, alors pour nous calmer il nous a mis une feuille de papier et un crayon avec devant nous un livre des aventures d'Astérix. Mon frère devait dessiner le héros et moi un romain. J'ai, par la suite, dessiné longtemps des casques de romain. Mais je sentais bien que mon entourage commençait à se lasser. Alors j'ai rajouté un nez... Je dessine depuis ce jour-là, j'avais 8 ans».
Dans cette œuvre où deux serpents s’entremêlent pour s’accoupler, on ressent alors une sensation de déjà vu : La rupture, le râteau. Mais on peut aussi interpréter la division de soi : Les deux côtés de notre « sexualité ».
Pour ma part, cette illustration fait parler chez moi ma frustration. Mes envies freinées par le monde qui m’entoure. Et le fait d’être attaché à des subtilités qui empêchent d’avancer…
Et vous, comment le voyez-vous ?
Jmlaf me raconte alors qu’il n’a pas suivi de cursus scolaire pour apprendre davantage le dessin. Il arrête l’école jeune et n’a jamais poursuivi aux beaux-arts ou dans quelconque école artistique. Il dit lui-même : « Je ne sais pas dessiner. Mon travail en général consiste à maquiller les erreurs du début du dessin avec un stylo. »
Après une longue pause sans dessiner dans sa vie, il reprend le stylo en 2008 avec une simple feuille A4 : « on en trouve de partout et on peut dessiner quand on en a envie. Dans un train, à la boulangerie, pendant un attentat, au cinéma... J'ai essayé à peu près tout ce qui sert à dessiner, l'huile, le crayon, l'encre... mais rien ne remplace (pour le moment) un bon vieux Bic retrouvé sous un canapé. »
Mais la question qui me turlupinait le plus était de savoir ce qui l’avait amené à dessiner des personnages ou des caricatures un peu noires. Et des dessins porteurs de messages, dénonciateurs... comme je dis plus haut "le plus grand humour dans des images noires, ou au contraire, la plus belle des noirceurs dans un humour déconcertant."
Mais Jmlaf est un mystérieux personnage. Comme il dit :
« D'un côté je ne maîtrise pas les proportions et de l'autre je veux absolument dessiner un truc. Ça donne ce genre de créature où les "membres" sont pliés ainsi car je ne sais pas les faire autrement. Où les yeux sont globuleux parce que je ne sais pas vraiment dessiner les yeux... Puis les ombres ont toujours été ma "bête noire" (...) c'est pour ça que j'y mets des hachures, puis là où il n'y a rien aussi... des hachures de partout. Ensuite, les caricatures soulignent complètement ce que je viens de dires. Des jambes trop grandes, des bras trop maigres... au final tout ça caractérise assez bien mon "style" et je m'y suis habitué. J'aime rire, j'aime les jeux de mot. Et je suis très timide. C'est certainement aussi une façon pour moi de m'exprimer... rapidement et sans me mettre de la peinture sur les doigts. Un psy pourrait l'expliquer mieux que moi sans doute.
J'aime le noir et blanc et me force à rajouter de timides couleurs sur quelques dessins histoire de m'éloigner du mythe de la noirceur... Mais si tu regardes d'assez près mes dessins tu n'y verras pas de violence, pas de macabre, pas de vulgarité ou de sexe. En dessin j'ai besoin de beaucoup de contraste. Sinon je m'ennuie... Je déteste les couleurs pastelles. Les crânes sont pour moi une symbolique. Ils ne représentent pas la mort mais la vie. On en a tous un. Vide pour certain. »
Mais que représente cette dernière illustration ?
« Ce sont deux amies à moi, qui dessinent. Mal, mais qui dessinent. Je plaisante, elles assurent ! Nous allons travailler sur un "album" commun avec nos trois styles différents. J'ai fait ce dessin car quand elles viennent en weekend c'est toujours le chaos...»
Le thème de ce futur projet, c’est celui-là justement, il explique en quelques mots :
« Le chaos justement. La troisième artiste a comme personnage un chat. Le mien est le grand chauve que tu vois sur le dernier dessin "weekend". Nous allons suivre comme fil conducteur la petite guerre entre nous "quatre" (les personnages) sachant que la victime idéale sera toujours Jmlaf... pauvre petit Calimero. Le tout sur un rythme s'approchant de Oggy et les cafards...
C'est ambitieux, mais comme disait Krfh,ckh,z : « il faut avoir des rêves bien grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'ils s'éloignent...». Krfh,ckh,z disait aussi : « Putain, faut que je change de nom ! ».
Si tu étais un livre, une chanson, un film, tu serais... ?
— Si j'étais un livre ce serait (traduit dans le texte) "Marche ou crève" de Stephen King. Parce qu'il se lit en une fois. Parce qu'il n'est pas difficile à comprendre. Parce que j'adore son histoire, son déroulement et sa fin. C'est un roman qui devrait être dessiné ! Après j'adore "Martine à la plage" Parce qu'il se lit en une fois. Parce qu'il n'est pas difficile à comprendre. Parce que j'adore son histoire, son déroulement et sa fin.
— Si j'étais une chanson : "Gateways" de Dimmu Borgir. Ok, c'est du metal mais qui peut être apprécié par les amoureux de grande musique. Je ne parle pas assez bien anglais pour comprendre le fond du texte mais je ne veux pas vraiment le savoir. Sinon j'adore "Swing Gitan" joué par n'importe quel groupe de jazz manouche qui se respecte.
— Si j'étais un film... rhalala.... vous parlez à un cinéphile ^^ ça va être dur. "Shaun Of The Dead", car je suis un grand fan de Simon Pegg et d'humour anglais ! C'est un film que j'ai du voir une dizaine de fois avec autant de plaisir ! Tout est bien dans ce film !
par Natacha Bordes
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