Salu les jans Trankil ou koi ? bah aujourdui je voudrer parlaient de kekchoz qui me tien hacker Sé que j’en est mare de c’est jan qui chak fois que je veu dire un truk intérécent me dise d’allé cherché un bècherel… et y veule même pas me répond alor que se que je dis ait interessan, comm’même !! et en plus moi je c’est pas ce que sais un baicherel.
…
Une sorte d’âpreté dans la lecture, hein ? Comme si on lavait votre cerveau à l’aide d’un mélange de vinaigre et de sel sur lequel on rajouterait à grandes giclées de la soude caustique, non ?
Entre la ponctuation absente et les fautes que, même si je souhaitais les faire, il me faudrait y réfléchir (ce que j’ai fait en l’occurrence), voilà un morceau qui reste en travers de l’œsophage. Ainsi, le « t’aime de se joure » sera : « Comment tenir un discours plausible et sérieux lorsque l’on se trimballe une palanquée cacophonique de fautes par phrase ? »
Impossible, tout simplement. Et ce sera d’ailleurs la première attaque, simple, efficace et facile de vos détracteurs. Je ne doute pas que vous regorgiez de choses intéressantes à partager, d’idées propres à (r)évolutionner le monde moderne, néanmoins votre crédibilité passe à la trappe avec armes et bagages dès le premier « comme même »1 que j’aperçois.
Je ne suis pas un fervent défenseur de la France, cette patrie à l’hymne guerrier et bien trop prompte à poser son arrière-train trop gras sur les principes qui constituent pourtant sa devise.
Non. Par contre, je souhaite entretenir, enrichir, porter aux nues les subtilités et la puissance de notre idiome. Non pas pour le figer dans une sorte de culte malvenu, l’aduler une fois installé sur un piédestal, mais montrer qu’il peut évoluer, s’adapter sans perdre ses racines ni ses caractéristiques uniques.
Vous le savez sans doute, mais lorsqu’on lit, à moins d’encontrer un mot qui tel le soldat de l’arc de triomphe ou tout simplement comme « callipyge2 » est inconnu au bataillon, on ne s’embête point à lire chaque syllabe. L’on utilise une reconnaissance globale des termes, l’on appréhende leur forme et savons d’emblée de quels mots il s’agit. C’est par cette technique, peu ou prou inconsciente et ne venant qu’avec la pratique, que l’on obtient une lecture qui ne s’apparente pas à un hachis Parmentier métaphorique.
Cela étant posé, prenons place dans l’arène face à cet adversaire ô combien démesuré.
Pour ce faire, je vais aborder ici une drôle d’initiative dont je pris connaissance peu de temps auparavant : la « norm altèrnativ ortograf », une initiative consistant à transformer le Français en langage phonétique. Ce principe possède le bon point de vouloir simplifier une orthographe parfois ténébreuse et complexe, voire illogique dans certains cas. Un principe qui pourtant se plante dans les grandes lignes, mais également dans les petites. Je vous présente un exemple tiré du site :
« La lang françèz apartièn à çeu qi la parle é si çeu qi la parle adopte une manière sinple de l'écrire é la propaje, çètte norme s'inpozera d'èlle-mème. L'administrasion, le sistème d'éducasion é la soçiété en jénéral devron s'ajusté. »
« Pluto qe d'atendre vènemen é pasivemen une "réformète" parsièl de l'ortograf inpozé par une qelqonqe otorité, prenon possèssion de notre lang, en nou-z apuiyan sur une norme sinple é présize qi s'apren en 15 minute. »
Outch.
Déjà, 15 minutes, c’est court pour apprendre un truc comme ça. Enfin pas forcément l’apprentissage lui-même, mais bien l’adaptation. Sur ce texte, j’évolue à une vitesse de lecture d’1 mot/minute. Les défenseurs du èssémesse se réjouiront de pouvoir s’appuyer sur une normalisation de leur inaptitude, les autres s’horrifieront à juste titre d’une réforme allant dans ce sens.
Nan, mais sérieux ? Comment peut-on penser que ceci serait une bonne évolution ? Plus de conjugaison ? Plus de différenciation de la pluralité ? Quid du genre ? Et, surtout, de l’étymologie ?
On demande une argumentation sans faille et là, vous m’en présentez une de la taille de San Andréas… vous m’excuserez si j’en profite pour m’incruster avec mon marteau-pilon.
Notez, par exemple, la liaison « en nou-z appuiyan » qui, in fine, découle du Français classique : ‘nous’. Pourquoi dans certain cas utilise t’on ‘ss’, alors que le ‘z’ est la lettre pour le son, euh… zède ? Et quelle différenciation faites-vous entre le ‘ç’ et le ‘s’ ? Tout cela m’apparaît quelque peu étrange et la seule explication logique, c’est qu’on y comprend que-dalle sans avoir la connaissance de l’orthographe originelle.
sékuèfedé.
C’est bien par l’étymologie des mots qu’on peut en appréhender leur origine et donc, leur sens.
Attardons nous sur le mot ‘étymologie’, au hasard. Je peux déterminer qu’il est issu de l’Hellène grâce à la présence d’un ‘y’ et de « logie ». Ce dernier, ‘logos’, je sais qu’il signifie ‘parole’. Maintenant, reste le préfixe ‘étymo’. Je n’en ai nulle connaissance, toutefois mon fidèle dictionnaire me propose : ‘vrai’. « La parole du vrai » me direz-vous ? Oui, mais non. On peut le traduire littéralement par « l’étude du vrai [sens d’un mot] ».
Et tout est là : le « vrai sens d’un mot » est d’une importance capitale dans la construction passée (et à venir) du langage.
Revenons à présent sur ‘callipyge’. Je ne vais pas vous laisser baigner dans cette obscurité qui ronge jusqu’aux plus internes de vos organes, j’en suis convaincu. Si on s’intéresse à son vrai sens, on y retrouve καλός (kalós, « bon, beau ») et πυγή, (pugế, « fesse ») : « qui possède un somptueux arrière-train ». Pour l’anecdote, ce terme était attribué à la déesse de l’amour et de la beauté, Aphrodite.
Alors que si j’écris ‘calipije’… ben, GLHF3 pour en retrouver l’origine.
La trop grande simplification de l’orthographe et de la ponctuation entraîne la perte des subtilités et nuances, jusqu’à la perte de sens, voire la naissance du contre-sens. Là se situe le problème fondamental.
Je ne suis pas une grand-mère nazie. J’accepte volontiers, enfin sans trop de réticence, n’en étant pas à l’abri alors même que je diffuse mes productions scripturales sur la toile internettienne, de laisser se glisser une faute, un oubli ou une coquille. J’admets que les erreurs et les étourderies sont possibles, que tout le monde n’a pas été élevé avec un Bernard Pivot qui zieute par-dessus votre épaule, que la juste utilisation de la ponctuation est un art, que certains mots possèdent une orthographe impossible à déterminer sans sa connaissance préalable, mais j’y reviens : « ouvrez donc un dictionnaire ! » et, surtout, « relisez-vous au moins une fois ! ».
Là où le bât blesse, c’est que je ne prêche ici, je présume, que le convaincu. Les adeptes des méthodes dénoncées ou les indécrottables je-m’en-foutistes auront eu tôt fait de déguerpir la queue entre les guibolles une fois déchiffrées, avec grand-peine, les premières lignes de mon pamphlet. Enfin non, les premières devaient leur convenir à merveille. Par contre, la suite…
Maintenant que j’en ai terminé avec mon excrément fébrile, je peux vous abandonner l’esprit serein, ne s’agit plus que de vous adresser mon sempiternel :
À la revoyure ! (comm’même)
Arno
- QUAND MÊME ! B****l de P****n de ch****e ! On dit : QUAND. MÊME. Merci de ne plus reproduire cette grossière erreur venue des tréfonds de la négligence culturelle, car mon cerveau fond un petit peu lors de chaque occurrence que j’aperçois.
- Mot que l’on retrouve dans l’expression typique : « ‘Tain ! Mate c’te meuf comme elle est callipyge ! » Et je vous laisse le soin d’aller consulter un dictionnaire pour en savoir plus, même si je sais, estimé(e)s lecteurices, que nombre d’entre vous savent déjà de quoi il s’agit. Ou, alors, continuez à lire cette chronique. Peut-être y trouverez-vous la réponse à ce mystérieux mystère ?
- « Good Luck, Have Fun » est une expression angliche consacrée que les adversaires échangent lors de nombre de jeux de compétition online. Elle peut se traduire par « Prépare-toi à bouffer ta manette, car c’est la seule chose que tu pourras faire après que j’en ai fini avec toi. » Quand je vous disais que le Français était un idiome riche et puissant !