À la fois solennelles et exaspérées, je vous présente mes profondes salutations, mes lecteurices.
Dans cette chronique, je n’ai point vocation à traiter de sujets d’actualité, ou alors par sous-entendus au sein de thématiques plus atemporelles. Mais aujourd’hui, je vais faire défaut à cette habitude. Aujourd’hui, je suis Colère, les aminches ! Je suis Violence parce que je suis Trahison.
Boudiw, je peux vous dire que depuis quelques temps, ça bouillonne dans ma petite caboche. Et ces derniers temps, la réflexion, elle boue à quarante-neuf degrés et trois centigrades. Iup.
Au temps pour la gaudriole. Mais bon, tout le monde a compris que mon humour est tout sauf drôle… Et p’is d’toute façon, c’est ma chronique de moi, alors j’fais c’que j’voulions.
Pêle-mêle, ça va causer loi travail, nuit debout, gardiens de l’ordre, réforme, Juppé, Hollande, casseurs... Vous constaterez que le programme s’avère aussi hétéroclite et désorganisé que les pensées qui se bousculent à l’intérieur de mon cerveau.
De la loi travail
Je ne vais pas trop m’attarder dessus.
Quand on nous sort du chapeau une loi de casse du code du travail en nous assenant que c’est pour faciliter l’embauche, que 70 % de la population est contre selon la plupart des sacro-saints sondages d’opinions, que le débat parlementaire va vers son irrémédiable rejet, que l’on nous en impose une de 49,3 centimètres dans le derche, alors on a le droit – pardon – le devoir d’être vénèr.
Quand derrière, Juppé et ses acolytes de la primaire de droite rivalisent de flatterie à l’égard de leur électorat de nantis ultra-libéraux par des : « suppression de l’ISF, hausse d'1% de la TVA, suppression des 35h, retraite à 65 ans, suppression de 250 000 (!) postes de fonctionnaires, réforme du contrat de travail, moins de normes et de bureaucratie, pas d’indemnités pour les chômeurs en cas de recherche d’emploi jugée insuffisante, pas plus de deux mandats consécutifs pour les représentants syndicaux, sélection à l’université... » et osent les termes : « objectif plein emploi », on hésite entre s’esclaffer du non-sens ou se tirer un obus de 12 dans la gueule.
Un petit aparté sur « la réforme », l’un des derniers mots récupérés et redéfinis de la novlangue (le subtil dialecte des ultralibéraux). En effet, désormais les syndicats qui s’agenouillent devant le gouvernement sont dits « réformistes », sous-entendant par là que les autres sont tournés vers le passé et l’immobilisme. La réforme est moderne, la réforme est indispensable, et si vous êtes contre, vous êtes un gros réac1.
Si le réformisme est incarné par la céhefdété, alors permettez-moi un discret fou-rire jaune, puis cette citation dont je n’ai point la source :
« Quand le gouvernement rétablira l’esclavage, la CFDT négociera le poids des chaînes. »
Pourtant, la réforme, celle du code du travail, on la veut ! Mais une progressiste, une qui protège vraiment l’employé. Celle qui facilitera les embauches, non pas à coup d’augmentation du temps de travail, du nombre d’annuités et de l’âge légal de la retraite, mais justement l’inverse : semaine de 28h, retraite à 55 ans sur 37 annuités, salaire universel ; plafonnement des salaires à 20x le plus bas dans le privé, contrôle des profits transparents, démocratie au sein de l’entreprise… C’est par la répartition du temps de travail et la sécurisation des plus précaires qu’on avancera, pas en filant des millions de cadeaux aux nantis et en comptant sur leur « exigence morale ».
Exigence morale ? mon cul…buteur !
Ils auraient une morale, ils ne s’octroieraient pas des salaires égaux à plusieurs centaines de smic, ils ne licencieraient pas pour faire quelques millions de miettes de profits en plus, ils penseraient à leurs employés en tant qu’humains et non comme des mouchoirs jetables. Quand on a une exigence morale, on ne devient pas grands patrons, serviles directeurs de journaux ou carriéristes politiques corrompus.
Du 49.3
Vous en avez sans doute entendu parler en long en large et également en travers. Le 49.3, article de la constitution usité par le gouvernement (à de nombreuses reprises) pour cette fois faire passer en force la Loi « Travaille fégnasse ! » ou « Macron II », ou « Yeah, le medef ! », au moindre risque d’une motion de censure qui a vu le jour mais pas le soir.
Ils ont jusque-là évité la dissolution, certes. Je me pose toutefois une question : ne serait-ce pas un boulet dans le pied d’Hollande que vient de tirer Valls ?
Nan, parce qu’à un an des élections présidentielles et législatives, on peut se poser la question du bien-fondé de cette décision. Ils peuvent certes tabler sur une mémoire du peuple digne d’un ver de terre sous hemdé, mais « comme même » … Exacerber la colère de leur électorat de gauche en chute libre après quatre ans de gouvernance libérale me parait contre-productif dès lors qu’il s’agit de reconquérir ledit électorat.
Ou alors… ou alors, l’agenda du premier ministre ne se ferait pas pour 2017 mais pour 2022 ? Aaah, mais voilà, ça se tient ! peut-être voudrait-il alors apparaître comme le sauveur de notre grande nation après la catastrophe économique et sociétale que préparent Juppé et consorts…
De nuit-debout
Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur l’amalgame protéiformes de revendications, groupes, minorités, investissements qu’on y retrouve, sur la disparité des luttes et donc sur leur dispersion en dépit de la volonté de convergences. Je pourrais souligner que les deux minutes de temps de parole imposées ne sont pas suffisantes, car ce temps ne permet de développer que des idées admises par le public et non d’autres méritant mise en perspective, argumentation et vrai débat. Je pourrais démontrer que le vote à main levée est une pratique tout ce qu’il y a d’inégalitaire. Je pourrais dire que j’ai un peu l’impression qu’on essaye d’y réinventer la roue… Mais est-ce un mal, quand on constate que la roue est carrée ? Je pourrais m’attarder sur la discutable pertinence de la démocratie directe.
Je vais cependant m’arrêter sur la symbolique positive du mouvement. Et ce mouvement c’est justement son absence. Dans un environnement où l’on nous pousse à toujours aller de l’avant, à suivre l’avancée du monde, à être mobile, flexibles, disponibles, serviles, nuit-debout installe le débat comme suit :
Se bouger ? Clairement une bonne idée. Mais d’abord, on se pose et on décide de la direction. On se donne le temps de la réflexion. On décide ensemble d’où et comment on bouge. On se fixe les valeurs d’un projet de société à défendre.
Le deuxième point primordial, c’est la remise du débat politique au cœur de la cité, sur les places, en agora, où toutes et tous peuvent s’exprimer. Quelle que soit la teneur du débat, la démarche est importante.
Là où la suite me parait déterminante c’est de clairement poser la stratégie du mouvement, et sa possible institutionnalisation.
L’horizontalité voulue, c’est bien, mais contre-productif. La question de délégués, de porte-paroles doit se poser. Je reprends ici les mots de Frédéric Lordon : « un porte-parole n’est pas un problème, s’il est 1/ élu, 2/ mandaté, 3/ contrôlé, 4/ révocable ».
À tout le moins et à défaut de mandataires, il faudra énoncer dans les prochaines semaines un projet clair : les grandes lignes derrière lesquelles se rangent l’ensemble des participants :
Mise au pas de la finance, démocratie réelle, éducation critique, justice indépendante et égalitaire, énergie 100% renouvelable, service public de proximité et accessible, prise en compte des droits des minorités et des discriminés, égalité et reconnaissance des genres, etc.
Un projet directement inspiré des droits de l’homme, de la femme et des enfants.
Et même si ce mouvement échoue, les suites en sont encore imprévisibles. Combien de lycéens et d’étudiants, qui au cours des dix dernières années n’avaient connu aucune opposition à la gouvernance, ont vu naître l’étincelle de l’engagement politique, du questionnement des institutions, du bien fondé de leurs décisions ? Combien de vieux activistes retrouvent la fougue de la protestation qu’ils croyaient à jamais éteinte sous les cendres de l’individualisme organisé ?
Dans la suite des mouvements occupy Wallstreet et indignados, je me prends à espérer, moi l’optimiste fataliste, moi l’utopiste réaliste, une internationalisation des luttes humanistes ô combien nécessaire.
… Et il y a bien trop de mots en -iste dans cette phrase.
Des médias
Une équation facile a cours au travers des principales mafias d’information :
casseurs = nuit debout = manifestants.
Rien qu’à voir le traitement sensationnaliste et effrayant qu’en fait Pujadas dans le torchon qu’il appelle jité, on aura compris dans quel camp il se situe, et ce n’est pas celui des travailleurs. Heureusement qu’il existe dans le lot et ailleurs des journalistes ayant encore à cœur de faire leur taf correctement, même si on aimerait qu’ils soient plus nombreux à vérifier leurs informations, corroborer les sources, envisager tous les points de vue et marquer les nuances. On apprécierait également que ce soient eux qui fassent le prime time et non les thuriféraires de la propagande gouvernementale.
On pourrait comparer le traitement de ces sujets à ceux des paysans sous la houlette de la FNSEA dont la colère était « compréhensible », à la différence des salariés de Good Year ou d’Air France pour qui elle était « inadmissible » et nécessitait d’être « sévèrement punie », ou à présent celle des salariés qui bloquent l’économie.
Il me semble pourtant que la charte des devoirs professionnels du journaliste est plutôt claire :
« Un journaliste digne de ce nom …/... tient la calomnie, les accusations sans preuves, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles, …/… tient le scrupule et le souci de la justice pour des règles premières, ne confond pas son rôle avec celui du policier ».
Mais il faut croire que Le servile Pernaud ou le larbin Pujadas, pour les plus illustres d’entre ces chancres du débat public, ne sont pas dignes de ce nom.
Des casseurs
Le terme déjà… Des « casseurs », comme si c’était leur seule volonté, la casse. Jamais on ne s’intéressera ouvertement, en tout cas dans les médias de masse ou dans les sphères décideuses, à ce qu’ils prônent, les anar’ autonomes. Ce sont pourtant bien des déclarations politiques qu’ils font. Ils défendent corps et âmes un bel idéal : « un monde autogéré sans argent et sans police ».
« Mais ? C’est l’anarchie, alors ? » me direz-vous, les yeux plein d’une appréhension bien naturelle.
Eh bien oui, mais pas au sens chaotique du terme. Plutôt au sens philosophique et politique. Un monde dans lequel ni argent ni police ne seraient nécessaires, car toute personne serait suffisamment éduquée pour connaître ses limites, son impact sur les autres et sur son environnement. Ils demandent une humanité autogérée. Une belle utopie, pour sûr.
Je ne peux décemment pas leur reprocher leur ire. Il me parait compréhensible que certainEs, face à la violence reçue et perçue, décident d’eux aussi répondre sur le même ton. Quand ton pote à tes côtés se ramasse deux coups de tonfa gratuits et sans retenue, ça donne envie de se pointer à la suivante avec quelques moyens de défense.
Autant je ne cautionne pas la violence en l’état, autant il était fortement prévisible qu’en ne tenant pas compte des fourmis écrasées sous la semelle, alors elles s’organisent pour te bouffer cœur et yeux.
À noter, info aussi rigolote qu’angoissante : le sérum physiologique, arme de destruction massive s’il en est, a été interdit en manifestation et peut-être confisqué par les forces de l’ordre, au même titre que foulards et lunettes de plongée. Les dangereux manifestants pourraient en effet noyer sous le liquide neutralisant les braves céheresses qui ne cherchent qu’à les protéger d’eux-mêmes.
Pour revenir aux violences militantes, je souhaiterais seulement que ses acteurs sachent refréner leur fougue. Partir à 300 en manif sauvage en centre-ville, sous les yeux de trois compagnies de robocops… C’est clairement aller à la castagne, et on considèrera ça comme une émeute à raison. L’insurrection, ne se fait pas à 300, même si Le cid pourrait vous laissait penser que, par ce nombre, vous parviendriez à 3000 à bon port. Non, multipliez-le par 1000 et là on obtient un rapport de force légitime.
Mais ne vous y trompez pas, les autonomes ne sont pas à rejeter. Car si toute opposition amène conflit, alors toute volonté populaire de réformer le gouvernement s’accompagnera de violence étatique. Et alors, quand l’armée tirera sur la foule non plus des balles en plastique, mais des bonnes vieilles réelles qui font des trous, quand nous serons véritablement dans un état policier, alors nous serons heureux d’avoir dans nos rangs des spécialistes de la guérilla urbaine. Ouais, plutôt jouasses, je peux vous le dire.
Si je devais résumer mon avis sur la question, ce serait : il faut que nous engagions un mouvement pacifique… prêt au combat.
De la révolution
J’ai déjà évoqué ce que je pensais d’une révolution par une minorité violente2 et je prône toujours la pacifique : l’évolution des pensées3. Ceci dit, j’ajouterai ici que nous nous trouvons dès à présent dans l’évolution. L’évolution des mentalités et des actes, surtout à un niveau local et bien minoritaire, nous sommes d’accord. Néanmoins en train de penser et construire les alternatives. Les idées foisonnent, s’organisent, se propagent, en local et en global.
N’oubliez pas que l’internationalisme est né au milieu du XIXe, ses penseurs et ses pionniers n’étaient que poignées disséminées aux confins de l’Europe. Cinquante ans plus tard, la moitié du monde s’appropriait ces idées socialistes, parfois détournées vers un culte de la personnalité, vers la paranoïa et la répression, certes, mais surtout à l’origine de toutes les avancées gagnées au XXe : sécurité sociale, école et santé gratuites, retraites par répartition, semaine de 35h, congés payés... Et je l’écris noir et gras :
CE. N’EST. PAS. ASSEZ.
Il faut désormais que ces idées, à la base de la pensée de gauche, se transforment et s’adaptent aux exigences du monde moderne. Qu’elles s’adaptent à nos exigences !
Un monde égalitaire, un monde libre, un monde solidaire !!
…
Houlà. Je m’enflamme un brin. On pourrait presque croire que je vais d’un claquement de clavier me présenter aux prochaines élections. Que nenni, que nenni.
Passons donc à un autre sujet avant que je ne me carbonise un peu plus.
En revenant à la révolution, j’ai une question pour les anarchistes qui auraient supporté mes lignes jusque-là.
Imaginons qu’une partie suffisante de la population vous rejoigne pour qu’advienne le grand soir : vous baignez dans le sang des derniers soldats et regardez gigoter le dernier patron pendu avec les tripes du dernier politicien. Plus d’état, plus de police, plus de patrons. C’est la victoire tant attendue.
Concrètement, vous l’envisagez comment la suite, le grand matin ? Comment vous instaurez l’anarchie politique ? Quelqu’un ici pourrait-il me décrire comment il imagine l’avènement d’une société autogérée dans le contexte actuel ?
De violence et de police
Je sais pas vous mais moi, lorsque je vois les cognes, je ne me sens pas rassuré. Plutôt l’inverse, en réalité. Quand je croise trois bidasses à la gare armés de Famas bien en vue, un nœud de tension se forme au creux de mes entrailles. Ai-je quelque chose à me reprocher ? ma gueule leur reviendra-t-elle ? pourquoi ce regard suspicieux que l’on m’adresse ? Et même en n’ayant rien de répréhensible, ni boulette de shit, ni dreadlocks sur la gueule, ni peau trop foncée, je n’ai pas confiance.
Parce que je sais, au fond, que ces gens détiennent le pouvoir sur moi, qu’ils peuvent en cas de pet de travers, de réveil du pied gauche, l’utiliser pour au minimum me faire chier, au maximum, me buter. Pour avoir déjà vu à l’œuvre les cowboys de la BAC dans les rues de Toulouse, je peux certifier que je n’ai aucune confiance en eux pour me protéger. Cette défiance, face à la corruption et aux abus de pouvoir dont font preuve certains et qui se reportent sur l’ensemble de la profession, me parait légitime.
Revenons donc à l’actualité qui nous préoccupe.
Quand allez-vous nous lâcher la grappe avec les « ah ! ces flics qu’on embrassait après les attentats, et qu’à présent on déteste. »… comme si les gens étaient des pirouettes inconsistantes4.
Uno, la paire de « on » dans cette phrase ne renvoie pas aux mêmes personnes indéfinies. T’inquiète que ceux qui gueulent : « tout le monde déteste la police », ils l’embrassaient pas un an plus tôt. Non, ils ne la portaient déjà pas dans leurs cœurs.
Deuzio, faut arrêter direct l’amalgame entre police, protectrice du peuple, et police, gardienne de l’ordre des intérêts de la nation. C’est la même institution, mais dans deux missions totalement différentes. Quand l’une est nécessaire pour la sécurité des gens, celle de la déclaration des droits de l’homme de 1789, une « force pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée », il me parait en revanche bien compréhensible de craindre, voire d’abhorrer l’autre, celle qui défend les institutions et la république, celle qui s’oppose à la population à bout de nerfs, celle qui bâillonne à la grenade, au flash-ball et à la lacrymo. Celle utilisée sciemment pour casser la lutte sociale.
« Y z’ont pas l’air très contents… Pourquoi qu’on y va pas, chef ?
— L’est qu’ 19H57. Patiente don’ 5 minutes.
— Kess’y s’passe dans 5 minutes, chef ?
— Y s’passe qu’y a l’jité d’Pujadas qui commence et y veulent un peu d’action pour l’premier sujet en direc’.
— Mais là… y sont en train d’s’énerver. On pourrait désamorcer la situation.
— Ben laisse-les don’, ça f’ra d’belles images qui font peur quand on charg’ra dans l’tas. »
Hé ! Ho ! François ?
Écoutes-tu, François, le cri du peuple ? Que vois-tu dans ces vitrines brisées et ces poubelles qui brûlent, « des casseurs » sans autre but que le frisson de l’interdit ? Qu’entends-tu derrière les slogans d’une masse unie depuis trois mois contre ta réforme réactionnaire ? un bruit de fond à peine suffisant pour déranger ta sieste ?
J’entends, je lis ici et là, que la fameuse majorité silencieuse, les « vrais travailleurs », eux, sont « tout à fait » pour cette loi du XIXe. Qu’en l’état contraire, on les entendrait. Mais, si on ne les entend pas, c’est bien parce qu’on ne les écoute pas. Si on ne les voit pas manifester, c’est bien qu’ils ne peuvent pas :
« Avez-vous entendu les esclaves se plaindre ? Non, c’est bien la preuve irréfutable qu’ils soutiennent l’esclavage. Arrêtez donc, messieurs les beaux-penseurs, de vouloir réfléchir à la place des autres et laissez-les s’exprimer. »
Une partie du peuple se radicalise et tu t’offusques ? Mais as-tu seulement conscience de la machine à broyer corps et esprits que tu diriges, celle sur laquelle tu joues des boutons comme à Street-Fighter ?
Quand la population se lève pour défendre et réclamer des droits pour les autres, ceux qui sont bâillonnés, n’est-ce pas dans cette masse de poings dressés contre l’oppression que l’on trouve le courage ?
Mais heureusement que des gens s’affirment et gueulent pour défendre les autres !
La valeur d’un état se mesure à l’aune de son respect pour les minorités et les précaires, les discriminés et les Femmes. Eh bien, François, tu évolues au degré zéro de cette mesure. Tu ne respectes pas tes propres paroles, ton propre programme, tes propres engagements, ceux pour lesquels tu as été élu, plus par dépit et par anti-sarkozisme que parce qu’ils y croyaient vraiment. Il n’empêche, tu as rompu le contrat déjà précaire signé avec ton peuple dans les urnes.
Mais en réalité, François, tu ne nous entends pas tellement tes oreilles sont bouchées à l’El Khomri5.
Tu oses, qui plus est, demander à la Gauche de se réveiller ?6
Tu as bénéficié de quatre ans de grâce auprès de ce peuple, allant de déception, en mesures sécuritaires et liberticides, de déraison en transformation libérale et inhumaine. Eh bien maintenant, le peuple en a ras le cupidon. Ouaip. Et si on ne l’écoute pas quand il s’égosille, quand il envahit la rue, quand il se regroupe, alors oui, il use de violence, bien compréhensible en regard de la cruauté de la caste dirigeante et du mépris de plus en plus décomplexé des possédants à l’encontre de la cariatide. Cette violence n’est que le symptôme apparent d’une profonde souffrance sociétale.
Après, tu peux te gausser de mes propos en constatant qu’une partie de tes sujets se rue dès 6h du mat’ pour se taper un café pourri au prix d’un paquet de 250g chez le torréfacteur du coin, qu’ils sont des millions à regarder le pathétique histrion Hanouna, à se prosterner devant les prêches du laquais Pujadas, qu’ils se rueront par dizaines de millions aux prochaines foires au consumérisme ou sur les stades d’opium.
Gausse-toi tant que tu peux… Notre colère est sourde et pas prête de s’éteindre.
Sur ces forfaitures, je vous suggère :
À la revoyure !
L’ichor
- Je vous invite à consulter ma dernière chronique aussi hilarante qu’indispensable (comprendre ni l’une ni l’autre) : NLK! #26 - la propagande moderne et le pouvoir des mots.
- Oui da, c’étions par là-bas qu’euj’ m’es’primions sur eul’ sujet : NLK 23 ! d’y a-t-il encore des pavés sous cette plage ?
- Sans quoi, je ne me casserais pas le cu…curbitacé à rédiger cette chronique.
- Oui, en fait. Les gens sont souvent des pirouettes inconsistantes, mais bon…
- Et viendez pas me dire comment mon jeu de mot est tout pourri… Je vous ai déjà prévenu au sujet de mon humour douteux.
- Subtile référence à « Hé,ho la gauche ». J’aurais cru que le sloganiste à l’origine de « Ariège, terre courage » avait été déchu de ses fonctions avec pertes et fracas… je m’étais trompé.