Sincèrement vôtre et certainement mienne, je vous souhaite la bienvenue en cette insolite chronique. Si nous sommes réunis ici, en ce jour du lundi/2, c’est pour célébrer un évènement sans grand intérêt. C’est pourquoi j’ai le vaste honneur de porter un toast, mes délectables lecteurices, et de dédier ces quelques mots à un monument de notre jeunesse, mais aussi de celle des autres, je nomme :
Le Monopoly.
J’imagine que tout le monde, au moins une fois, s’est engagé dans une partie de ce jeu de « société ». Personnellement, je m’octroyais le chapeau. Ne me demandez pas pourquoi, je ne pense pas entretenir de fétichisme particulier à ce sujet.
Ah ! Ces délicieux moments entre amis. Oh ! Ces fantastiques instants de solidarité. Ih ! Ces merveilleuses journées emplies du rire de gnomes en plein épanouissement.
Tendres souvenirs.
Nan, mais je déconne. Le Monopoly, c’est le mal. Le jeu de société des mini-capitalistes en puissance. Pas plus frustrant que le Monopoly : ça dure des plombes et, comme dans la vraie vie réelle qui nous entoure, c’est toujours celui qui a le plus d’argent qui s’enrichit.
L’argent appelle l’argent.
Les puissants se liguent contre les faibles pour les maintenir dans des conditions précaires. Ils seront toutefois d’accord pour vous accorder un prêt à taux prohibitif pour peu que vous tombiez sur la rue de la Paix bordée de ses luxueux hôtels clinquants.
Ne leur viendra même pas à l’esprit la douteuse éthique relative à l’hypothèque de tous vos biens dans le seul but de satisfaire leur soif inextinguible de richesses. Oooooh non !
Et puis, pas moyen de rester tranquille chez soi. Tutututut. Holà, non plus ! La consommation outrancière est obligatoire et nécessaire.
Pas d’argent ? Bah, t’as qu’à séjourner en zonzon, c’est le safe-spot nourri-logé. Un peu comme dans la vrai vie, quoi. Ça ne dure néanmoins pas très longtemps, à la différence de la vraie vie. D’ailleurs, je suppute que nombre de détenus seraient euphoriques s’il leur suffisait de sortir un double sur 2D6 pour être excarcérés.
Les monopolies, y en a de toutes les sortes : chacune des capitales du monde bien sûr, mais également un sur Starwars, un des schtroumpfs, un des Rolling Stones, un du Cantal, un Nintendo, un South-Park… Y’a même un GOT1 qui vient de sortir. Effectivement, un univers capitaliste par excellence où les gens apprécient de savourer un somptueux hôtel dégoulinant de luxe ostentatoire avec vue imprenable sur une bataille sanglante au cœur de la Néra…
Comme quoi, toute licence est bonne à exploiter, sous réserve qu’elle engendre un max de pognon.
La seule chose qui manquerait à cette immonde parodie de divertissement, ce sont les paradis fiscaux. Et certains le regretteront, car il arrive parfois, justice cosmique à l’œuvre, que cet adipeux ploutocrate dégoûtant en voie de victoire tombe sur : ‘Faites des réparations dans toutes vos maisons’. Et celle-ci, nonobstant sa fortune conséquente, elle ne lui fera pas plaisir, je vous l’assure.
Quand bien même, il s’acquittera de son dû en grognant contre ces taxes qui l’étranglent et l’empêchent d’entreprendre. Il vous en voudra à vous de sourire de son infortune. Il achètera, en grommelant sur les coûts, trois hôtels et douze maisons pour les parsemer le long des onze cases qu’il vous reste à parcourir avant de dépasser la sacro-sainte CASE DÉPART. Il pestera lorsqu’avec un brin de ‘chance’ et trois sous de ‘taxe sur le luxe’, vous esquiverez son piège mesquin.
… Enfin, il jubilera à s’en exploser la sous-ventrière lorsqu’il vous extorquera votre dernier sou et votre ultime lopin de terre.
Comme dans la vraie vie, quoi.
Considérant ce dernier fait, je retire à présent tous mes reproches adressés à l’encontre de ce jeu. Le Monopoly possède un mérite certain : il représente une leçon primordiale que l’on devrait enseigner et répéter à tous les enfants élevés pour devenir pauvres. Il ne faudrait pas que leurs désillusions soient trop grandes une fois propulsés dans cette « vraie vie ».
Sur cette fin aussi amère que cynique
Et bien que cela me soit très dur,
Malgré la taille modique de cette chronique,
Seul me reste à conclure.
Se profile alors ma dernière réplique :
À la revoyure !
Arno