NLK ! 26 – Du pouvoir des mots et de propagande moderne

Temps de lecture: 20 min

Illustration: A4-Putevie @ http://putevie.over-blog.com/

Illustration: A4-Putevie @ http://putevie.over-blog.com/

Flamboyantes salutations et gracieuses courbettes, mes bonnes gens et gentes !
Aujourd’hui, nous allons causer de mots. C’est bien les mots, presque magique. Il suffit de les aligner dans le bon ordre, et d’un coup, on crée du sens. On en change l’ordre, et hop, on obtient le sens opposé. Subtils les mots sont.
C’est bien, c’est magique, mais c’est également dangereux. Très dangereux. Car par les mots, on peut influencer. Le bon agencement, la dynamique adéquate et voilà cent milles personnes qui les vocifèrent à gorges déployées comme : « En avant Guingamp ! », « À mort le roi ! » ou « Dehors les estrangers ! ».
L’autre danger, c’est qu’au même titre que les trains, un mot peut en cacher un autre. Leur signification est bien souvent sujette à interprétation, en particulier vis-à-vis de ce que les auditeurs projettent dans ledit mot ou ladite expression.
L’une des formes les plus concrètes de ce pouvoir, c’est la propagande.

Keskeucékoi  la propagande ? °~

 

Une définition de dictionnaire vaut sans doute mieux qu’un long discours.
Propagande : « Action psychologique qui met en œuvre tous les moyens d'information pour propager une doctrine, créer un mouvement d'opinion et susciter une décision » (source de connaissance pure et minérale : CNRTL).
Ces moyens d’information passent entre autre par l’adjonction de mots et d’images propres à souligner le message que l’on souhaite faire passer, quitte à utiliser des raccourcis grossiers, des associations douteuses, voire de la désinformation pure et simple.

Cela peut très bien être la propagande d’État, la plus directe et la plus visible.
L’on pourrait également y assimiler un certain nombre de poncifs et stéréotypes qui, tout au long de notre vie, sont inculqués en douceur par la famille, l’éducation, la publicité, la littérature, le cinéma, les « bonnes manières », le civisme, etc. J’intègre ainsi là-dedans les places de l’homme et de la femme dans la société, le comportement vis-à-vis d’une hiérarchie, les notions de Bien et de Mal, etc. Toutes ces choses qui sont imprégnées depuis notre plus jeune âge jusqu’à devenir des réflexes inconscients : être poli avec les gens d’arme, chuchoter dans une église, « les femmes et les enfants d’abord », ne pas péter quand on crache1… Tout cet ensemble d’éléments qui influencent nos actions et pensées.
D’un coup de baguette sur mon chapeau à démonstration, j’escamote la seconde pour ne m’intéresser qu’à la première : la propagande d’État. Celle-ci est souvent associée aux systèmes totalitaristes. D’une, parce que la plupart, historiquement, n’y sont pas allés de main morte dans la désinformation et le matraquage d’idées. Également, parce qu’il est de meilleur ton d’avancer qu’Adolphe Hitler se servait de la propagande pour endoctriner son peuple que d’utiliser ce même procédé pour désigner, par exemple et totalement au hasard, la politique de François Hollande.
En réalité, tous les régimes usent de propagande plus ou moins directe et s’activent à endoctriner le peuple gouverné. Je vais y revenir, mais attardons nous sur un exemple parmi les plus flagrants de l’Histoire (oui, celle avec une grande kalHach’).

Tiendez, voici une affiche du gouvernement de Vichy sous l’occupation des germains. Du lourd de chez pesant :

Ah, ça bazarde du symbole, là, hein.
D’un côté, la maison France, celle de Pétain, bien organisée, chatoyante, bordée de massifs luxuriants, soutenue par des piliers alignés et fiers aux douces inscriptions que sont entre autres : ordre, courage, famille et discipline.
De l’autre, la maison France et Cie (notez la subtilité de l’accroche) avec l’étoile juive sur fond rouge et noir anarco-communiste, la masure à l’abandon, la végétation crevée, sur son tas de sacs bancals ; et pour les mots associés : radicalisme, paresse, désordre, antimilitaire et… pastis ? Ben oui, tout le monde sait que les cocos et les juifs, c’est que des saoulards.
Elle est bien celle-ci, tous les éléments sont présents dans le dedans. À gauche, on a peur ; à droite on est rassuré. C’est gros comme un trente-tonnes dans un couloir, mais… bien martelé, accompagné d’une presse complaisante qui annonce foison de faits-divers allant dans le sens de la politique, voire à base de censure, ça fonctionne. Accompagnez ça d’un musée sur la fourbe juiverie ou de films comme « Les Allemands, nos sauveurs » pour le volet culture/divertissement, et voilà t’y pas que vous formatez un peuple.
Du grand classique en temps totalitaires.

Le principe a été largement développé pour accompagner, soit la répression systématique et sanglante des opposants au régime, soit la diabolisation des ennemis extérieurs. Parmi les plus connues, évoquons les fiers et justes Américains contre les affreux bolcheviques au couteau bien ancré entre leurs ratiches pendant la guerre Froide, les engagés social-prolétaires russes contre les fourbes yankees qui assoient leur postérieur bordé de billets sur le peuple, la race supérieure arienne contre les abominables feujs au nez crochu prêts à croquer la terre, les honnêtes gens de Versailles envers la canaille communeuse de Paris.
J’en passe et sans doute des meilleures.

~° Et ? C’est bon, là… on sait ce que c’est la propagande °~

Qu’entends-je ? oui, vous, au fond :
« Ouais, mais c’était y a longtemps, ça. Et p’is c’était la guerre, quoi. Rien de plus normal que d’exagérer « un peu » les travers supposés ou réels de son ennemi. Maintenant on est en liberté, quoi. C’est nous qu’on décide librement ce qu’on pense. »

Moui… En fait, pas vraiment. Mais bon, on a quand même la possibilité d’y réfléchir, et ce n’est déjà pas si mal.
Les méthodes de propagande existent toujours. Elles ont néanmoins évolué avec le temps. Maintenant, on procède de façon plus subtile. Il est ainsi très courant de fabriquer des stéréotypes, des modèles à suivre, des vérités inéluctables ou des boucs-émissaires.
Du genre ?
Montrer un arabe à chaque fois qu’on doit illustrer une crapule du peuple au journal tévé ; afficher comme modèle des femmes à moitié nues dont la vitalité s’apparente au corps d’un noyé découvert six mois après les faits ; assener à tout va que l’économie est une science aussi dure que la physique. Ce genre de mensonges ou de raccourcis qui, répétés suffisamment, en viennent à arborer les atours de la vérité :
Les arabes sont des voleurs.
Les femmes font 1m80, pèsent 45 kilos et n’ont aucun trait d’expression.
L’économie est une science exacte et donc, le marché financier dérégulé s’en trouve inéluctable.

Voilà, nous pouvons entamer (hein ? oui-oui, c’était l’intro) :
L’armée française est la ligne de défense des justes et de la liberté.

Bim ! de but en blanc ! Haha ! Vous ne l’aviez pas vue venir, celle-ci !
Bon je vous sous-titre le bidule :
L’armée française représente le dernier rempart de la république bourgeoise.

~° Engagez-vous. Rengagez-vous qu’y disaient… °~

Revenons un peu en arrière, voulez-vous. D’où vient donc cette affirmation si péremptoire ?
Après les attentats des 7 janvier et 13 novembre 2015, il y a eu, paraîtrait-il, une recrudescence fantastique du nombre de personnes souhaitant s’engager dans la police, la gendarmerie et l’armée en général. De braves gars et garces souhaitant défendre l’ordre et la sécurit… pardon, la justice et la liberté.
Ainsi, l’armée de terre en a profité pour lancer une campagne de recrutement pas piquée des hannetons couvrant les murs des métros, les encarts publicitaires des tévés et journaux.
Allez, je vous cale le florilège accompagné d’une photo d’un brave bidasse en route pour l’Aventure :

C’est bô, j’en pleurerais ! À me demander si je n’apprécierais pas, moi z’aussi, d’aller clamser sous les cocotiers pour de tels idéaux !
Des mots joliets à n’en point douter. Penchons-nous un peu sur le vocable employé :
- D’un côté, l’aventure, l’ailleurs, les grands espaces, la volonté, le dépassement de soi, sur fond de plages de sable fin, d’expéditions en montagne, de commandos en Guyane et que sais-je encore.
Nan mais c’est cool, en fait. Intégrer l’armée, c’est voyager gratis et faire de l’effort physique sain… Je commence à kiffer l’idée.
- De l’autre, les valeurs : la Justice, la Défense, la Liberté, le Combat contre la faim et pour la Paix.
Mais oui ! Je veux ! Dites-moi où c’est qu’on signe, là ! C’est bon, moi aussi je souhaite avec ardeur mettre mon corps dans… devant la veuve et l’orphelin, puis trucider férocement le crime et l’injustice !
Je veux combattre la paix ! Ouéééééé !! Avec moi, les braves !!!

Mais… le doute me cogna avec une violence inouïe : ces belles paroles ne seraient-elles pas ..? N’aurais-je pas affaire là à… à… à une propagande ?
Face à telle révélation, je tombai des nues pour m’affaler, ébahi, sur le lino crasseux.
Je me relevai et appuyai mon coude sur le zinc opportunément placé devant moi. À ma gauche se tenait la somptueuse Cynisme, assise les jambes croisées sur un tabouret et qui m’observait avec un sourire en coin. Je retournai les yeux sur le comptoir et découvris un p’tit médoc ahopé dans un verre ballon. Le cadre s’avérait idéal pour procéder à une analyse tout ce qu’il y a d’objective : celle de comptoir.
Avec des valeurs comme celles portées en avant, difficile de se mettre en porte-à faux, voire en opposition.
« Quewah, l’Ichor ? t’es contre la PAIX ? T’es contre la JUSTICE ? T’es contre la LIBERTÉ ?
Mais alors ? t’es qu’un fieffé TERRORISTE ! »
Eeeeeh mer…idien, le mot est lâché.
« Voyons, interviendrez-vous pour en finir avec cette hystérie de lettres capitales, combattre pour la justice et la liberté, ça n’a pas de prix. Comment pourriez-vous être contre ? »
Pour sûr, c’est irréfutable. Ah ben oui, c’est beaucoup plus glorieux de se qualifier de « soldat de la liberté et de la justice » que « gardien des intérêts et des capitaux », ou « pourfendeur des basanés ».

Mais quelle est donc cette Justice ? Celle qui permet de réélire des dirigeants corrompus après quelques dérisoires années d’inéligibilité ? Celle qui dit que tant que t’as de l’argent et un bon montage financier réalisé par une société géniale complaisante, t’as pas trop à t’inquiéter des conséquences ? Serait-ce la justice à deux vitesses ?
Quelle est, je vous le demande, cette Liberté ? Celle de surconsommer sans penser au lendemain ? Celle d’attribuer en catimini des légions d’honneur aux dirigeants bafouant les Droits de l’Homme ? Celle de recevoir des dictateurs sourire aux lèvres et contrat d’armement à la main ? Celle d’accueillir des réfugiés de guerre en détruisant les taudis dans lesquels on les parque ? Serait-ce celle du marché financier ?
Eh bien, si ce sont bien cette justice et cette liberté que l’on défend, alors ok, les termes employés sont les bons.

Trêve de mauvaise foi, passons donc en revue notre bataillon de slogans. L’air arrogants, le regard dur et mentons au vent, ils sont alignés comme à la parade :

J’ai soif d’aventure pour ceux qui ont faim de liberté.

C’ui-ci, c’est un subtil. Pas grand-chose à lui reprocher si ce n’est la notion de liberté toujours aussi floue. L’interprétation la plus probable en est : on va aller « libérer » ceux qui en ont besoin, ailleurs.

Je reste éveillé pour que vous dormiez en paix

Mon petit esprit étriqué ne voit là qu’une unique définition : un bon vieux « t’inquièèèèète » des familles. À traduire également par « dors sur tes deux oreilles, nous, on s’occupe de tout ».

Je veux être le nouveau souffle après la tempête.

La tempête désignant à n’en pas douter les attentats de 2015, le nouveau souffle symboliserait-il le vent furieux de la vengeance ?
Allez, j’accorde le bénéfice du doute. Ce n’est pas un tribunal révolutionnaire, ici. Que nenni ! Admettons donc que le brave troufion représente le nouvel espoir après le drame d’Erika.

Je viens de loin et j’irai loin.

C’ui-là s’adresse au pauvre qui, grâce à la Grande Muette, pourra faire carrière et atteindre les haut-sommets hiérarchiques en dépit des chaînes sociétales qui l’accablent. Elle met en exergue la notion de self-made-man. À l’armée, c’est votre valeur et non vos accointances qui vous amènera loin. Permettez-moi d’en douter.
Épanchons-nous sur une autre. Voyons, au hasard :

Je veux repousser mes limites au-delà des frontières.


Je ne sais pas comment vous l’interprétez celle-ci. Grâce à l’armée, je vais voyager et me dépasser ?
Non ? Sans blague ?
Pour moi, elle n’a qu’un sens :
Repousser nos limites au-delà des frontières = repousser nos frontières = agrandir notre territoire (ou à tout le moins notre influence), si possible en terrain ou liberté et justice, selon nos critères, sont absentes…
Je m’arrête là, vous aurez compris l’idée.
On trouve donc plusieurs axes de communication dans ces panonceaux, pour autant de cibles potentielles : les volontaires, les petits capos en puissance, les voyageurs, les opportunistes, les pauvres et, pêle-mêle, les braves défenseurs de l’ordre, de notre beau savoir-être et savoir-vivre, de la république, de la nation (même si vous noterez qu’elle n’est point trop mise en avant), de la Justice et, enfin ; de toute cette sorte de belles choses bien peu reprochables au premier abord.

~° Du paradoxe de Star wars °~

En revanche, l’un des aspects principaux de cette campagne de recrutement, il ne faut pas s’en cacher, c’est la lutte contre les terroristes, ces affreux jojos qui en ont après nos apéros en terrasse et nos concerts de musique du diable. Si eux, ce ne sont pas des anti-libertés, des oppresseurs de haute-voltige, alors je ne sais quoi vous dire. Et si vous êtes contre ce combat, c’est que vous êtes pour le terrorisme !
La propagande millésimée s’accompagnera avec goût d’une tartine de manichéisme de bon aloi.

Attardons-nous sur cette notion de « terrorisme ». Je vais réaliser un parallèle aussi hasardeux qu’audacieux avec star wars, beaucoup plus sexy que Hegel ou Marx à mon avis.
Les Rebelles, les courageux héros de la saga, affrontent l’Empire, les affreux méchants qui n’hésitent pas à détruire une planète entière d’une pichenette d’Étoile de la Mort. Eh bien, ces abominables qualifient les rebelles de terroristes. Mais bon, ce sont des mots, nous savons très bien que les rebelles se battent pour une cause juste, pour leur liberté et, au-delà de ça, celle de la galaxie. Ils ne représentent donc pas dans notre esprit des terroristes.
Pourtant, leurs actes dans l’épisode IV mènent à la destruction de l’étoile de la mort encore en construction, avec à bord des milliers de gens qui ne sont là que pour faire leur boulot : des plombiers, des électriciens, des manut’, etc. Une myriade d’innocents trépassés pour une cause qui ne les concerne aucunement2. Si ça, ce n’est pas du terrorisme, qu’est-ce ?
Comme quoi, le terrorisme, c’est avant tout une histoire de point de vue. Vous pouvez être certains que dans les autres camps, on martèle également l’idée de défendre ce qui est juste et bon.

Et n’allez pas croire que par mon propos, je me fais l’avocat des terroristes, qui que l’on désigne par ce terme. Des gens qui se font imploser la trogne au milieu d’un aéroport, d’un concert ou d’un stade, ce sont des terroristes. Des vrais, de ceux qui veulent instiller la peur, la méfiance et la paranoïa. Ils le font à dessein. Enfin… d’autres leur ont suggéré de le faire, par une habile coercition à n’en pas douter, ces Saint-Jean bouche d'or qui prêchent le martyre, [et qui] le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas3. Parce qu’il doit falloir un furieux savonnage de ciboulot pour en arriver à telle extrémité… ou une bonne propagande.
Non, je ne cherche pas à les excuser. Mais n’allez pas non plus me seriner que le monde occidental représente le camp des justes, des honnêtes et de la Liberté.

~° De ces trains qui en cachent d’autres °~

Maintenant, introduisons un autre élément. Après la mise en place temporaire de l’état d’urgence permanent, nous avons pu observer certaines dérives. En effet, ce ne sont pas seulement les personnes suspectées de liens étroits avec les milieux prônant le Djihad armé qui sont perquisitionnées, interrogées et mises en demeure. Il y a parmi eux des militants écologistes la bave de la révolution aux lèvres, d’horribles gauchers aux idées sociales déstabilisantes, et même, d’indésirables planteurs de poireaux (en ce qui concerne ces derniers, toutefois, je comprends l’État : ce sont bien de dangereux criminels, pour le moins).
Ces perquisitions n’ont pas été faites au hasard. Ce ne sont pas des erreurs de casting. C’est un : « Tiens-toi bien à carreau, car t’es dans nos fichiers. À la lettre S. »
Ceci souligne qu’aux yeux des gouvernants, ces personnes, nullement concernées par les raisons de la mise en place de nos propres barreaux, sont des terroristes en puissance. Terroristes, car leurs idées, si actées, peuvent mener à la déstabilisation, voire la destruction de l’ordre établi, de la paix sociale. Et quand on parle de paix sociale, on doit entendre : la paix qui permet au système étatique de rester paisible.

Par une habile transition, j’en arrive à la paix. Les policiers et gendarmes sont surnommés les « gardiens de la paix » – belle opération marketing s’il en est. Au même titre que la justice et la liberté, on ne peut bien entendu rien réfuter à cela. Pourquoi être contre la paix ?
Entendons-nous bien, là encore : ils sont gardiens de la paix… sociale. À savoir, contre les ennemis extérieurs, tous ces méchants estrangers prêts à nous égorger pour s’approprier ce qui nous reviendrait de droit, mais également contre les ennemis intérieurs, cette canaille cherchant à remettre en cause le système établi, synonyme pourtant de justice et de liberté et d’égalité, je nomme l’indétrônable et sacro-sainte République. Et ne rigolez pas, vous là-bas, ces mots sont gravés sur le frontispice des hôtels de ville. C’est bien que ça doit être vrai, non ?
Notre organisation de « gardiens de la paix » peut se transformer en un pet de claque-doigt en une force de répression civile, en « champions de l’ordre et de la sécurité ». Les céhèresses en sont la première ligne, spécialement entraînés et équipés pour cela.
Mais n’imaginez pas qu’ils sont les seuls. Car si ils venaient à être débordés par une population houleuse et soucieuse de ses droits humains quitte à les revendiquer les armes à la main – voire s’ils venaient à les rejoindre (soyons foufous) –, ce sera la brave soldatesque – celle ivre d’espace, d’aventure et de dépassement – que l’on jettera contre elle… sans doute pas, cependant, pour défendre Mama Liberté et Pôpa Justice.

Alors, avant de sauter à pieds joints dans les pas de ces braves trouffions et trouffionnes, avant de fièrement brandir le drapeau rouge du sang de l’ennemi, avant de vous faire perforer un nouveau trou de balle en gueulant « Liberté ! », réfléchissez donc à deux fois… Et peut-être même une troisième, ça bouffe pas de baguette.
Ah oui, et faites attention à la signification des mots, aussi. C’est important, ça, les mots. La plume n’est peut-être pas plus forte que l’épée, mais elle l’accompagne avantageusement.

Bien… J’espère que, par mon argumentaire aussi didactique qu’objectif, vous voilà convaincu de cette réalité : la propagande est toujours présente. Partout. Tout le temps.
Pour ne rien vous cacher, l’exercice fut difficile. Il fallait une subtile mise en place des éléments : matraquage tranquille, raccourcis faciles, infos détournées, message caché, images affriolantes, symbolique omniprésente, le tout arrosée d’un peu de flatterie pour que ça coule.
J’ai fait passer de fuligineux mensonges pour la Vérité… Vous voici sous ma coupe ! Mouahahahah !
Cela tombe fort à propos : je suis justement en train de monter un petit culte à ma personne. Et dans ce cadre là, j’aurais besoin de quelques fournitures : vierges avenantes, sequins trébuchants et hommes en arme. Ne vous inquiétez pas, on y parlera à coup sûr de justice, de liberté et peut-être même d’aventure.

En attente de vos dons, je vous assène :

À la revoyure !

L’ichor


  1. Je salue d’un smaïlé clin d’œil toutes les personnes qui auront cette dernière référence. Celui-ci : ;)
  2. Rendons à César ce qui est à Auguste : la réflexion me vient du film Clerks, réalisé par Kevin Smith. Vous pourrez également y dégotter la réponse à cette question : ces contractuels, étaient-ils vraiment si innocents ?
  3. Mourir pour des idées, de l’incomparable Georges B. Une chanson que l’on devrait diffuser à fond les haut-parleurs sur les lignes de front : peut-être cela aiderait-il les gens à réfléchir à deux fois avant de se faire péter le caisson.

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Un commentaire sur “NLK ! 26 – Du pouvoir des mots et de propagande moderne

  1. Très bien ce texte ! je vais le mettre de côté avec quelques autres collectés du même sujet, merci ! Dommage que ce ne puisse s’adresser qu'a des gens convaincus ! ... Ces dernières années il m'est arrivé de faire des peintures avec la propagande pour sujet, en reprenant de vieilles images issues de propagandes diverses... En montrant quelques unes de ces peintures dans la rue, un passant qui regardais me dis : "cette peinture me fait penser a de la propagande soviétique" , je lui répond qu'il m'arrive de reprendre des images soviétiques en effet, mais que celle qu'il regarde précisément est issue de propagande Américaine de la même époque. Ce a quoi mon interlocuteur répondit : "qu'est ce que vous racontez ? L'Amérique ne fait pas de propagande !" , j'ai un peu tenté d'en débattre, que tout les états font de même, mais il n'en a pas démordu ! On ne prêche qu'a des convaincu, ça lasse un peu, parfois... mais d'un texte a l'autre, on gagne un peu des arguments :-)

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