Masanobu Fukuoka est connu pour être le fondateur de l'agriculture naturelle ou de l'agriculture sauvage. Il est né le 2 février 1913 au Japon. Il était microbiologiste de formation, et à l'époque, il travaillait aux douanes, à la Division de l'Inspection des Plantes.
L'idée de l'agriculture naturelle lui est venue quand il avait 25 ans. Un matin, au lever du soleil, dans un lieu étourdissant, surplombant la baie de Yokohama, une inspiration l'ébranla. Il s’aperçut que la nature était parfaite et que les problèmes apparaissent lorsque l'homme essaie de l'améliorer en espérant en tirer profit. Quand il expliqua cette révélation à son entourage, vous vous doutez bien qu'il n'a pas fait que des émules, et peu sont ceux à avoir saisi la profondeur de sa pensée. Fort de cette vérité, il décida de démissionner de son poste, de retourner à la ferme de son père sur l'île de Shikoku au sud du Japon, afin d'y créer un exemple concret de sa nouvelle compréhension, au travers de l'agriculture.
N'ayant aucun modèle à suivre et refusant celui de l'agriculture intensive, sa démarche fut à l'opposé des méthodes conventionnelles de son époque.
Plutôt que d' « essayer ceci, d'essayer cela », il essaya de « ne pas faire ceci ! » et de « ne pas faire cela ! ». C'est ce qu'il appellera « la méthode du non-agir ». Fukuoka essayait autant que possible de ne pas faire intervenir l'intelligence humaine dans son processus de décision.
Et effectivement on peut se poser la question :
Pourquoi systématiquement interférer à tous les niveaux, quand la nature sait s'adapter et se réguler d'elle même, à condition de lui laisser un peu de temps et de se donner la peine de comprendre comment elle fonctionne ?
Un beau jour, passant devant un vieux champ laissé à l'abandon, qui n'était pas labouré depuis des années, il aperçut des pousses de riz vigoureuses à travers un enchevêtrement d'herbes. C'est la révélation. Il cesse de semer son riz au printemps, à la place, il dépose les graines à l'automne, au moment où elles tombent naturellement au sol. Au lieu de labourer pour lutter contre les mauvaises herbes, il les contrôlent avec une couverture végétale de trèfle blanc et un paillage d'orge. Il interfère le moins possible avec les communautés de plantes et d'animaux de ses champs. Il lui aura fallu 30 ans pour arriver à cette simplicité, mais sur la voie qu'il a choisit, celle de la mise en pratique, le chemin est long et l'observation de tous les instants.
Il testera vingt couverts végétaux différents avant de s'apercevoir que le trèfle blanc était le seul à contenir efficacement les mauvaises herbes, il améliore également la terre, car le trèfle fixe l'azote de l'air pour le renvoyer dans le sol. Il fait pousser ses légumes entre les citronniers de son verger, en les plantant à la volée, puis observe où ils trouvent leurs place naturelle. Les légumes se ressèment eux-mêmes jusqu'à reprendre la forme semi-sauvage de leurs ancêtres.
Finalement, il arrive à la conclusion qu'il n'était pas nécessaire de labourer, pas nécessaire de répandre de l'engrais, pas nécessaire non plus de faire du compost ni d'utiliser des insecticides. Sa méthode demande moins de travail, ne nécessite pas d'énergie fossile, ne crée aucune pollution. Il faudra malgré tout quelques années pour réhabiliter un sol épuisé et une biodiversité en perdition, mais le jeu en vaut la chandelle, surtout quand on sait que cette philosophie agricole permet d 'avoir des rendements similaires aux techniques agricoles dites conventionnelles.
Fukuoka croit que l'agriculture naturelle commence avec une bonne spiritualité individuelle. Il considère que le rétablissement de la terre et que la purification de l'être humain sont un même processus. Il propose une manière de vivre et de cultiver dans laquelle ce processus peut se réaliser. On touche là une composante essentielle de la dynamique de Fukuoka.
Quand on lit son livre : « La révolution d'un seul brin de paille », on s'aperçoit qu'il y parle autant d'agriculture que de philosophie. Inspiré par le Bouddhisme Zen et le Taoïsme, il vécu 30 ans dans sa ferme, en autarcie complète, avec un confort matériel des plus modestes, hébergeant des stagiaires curieux de ses pratiques agricoles et des enseignements de vie qu'il leur délivrait. Masanobu Fukuoka a compris que nous ne pouvions pas isoler un aspect de la vie d'un autre. Quand nous changeons la manière de faire pousser notre nourriture, nous changeons notre nourriture, nous changeons la société, nous changeons nos valeurs.
Le chemin qu'a suivi Masanobu, cette agriculture sauvage, qui paraissait étrange pour beaucoup, s'explique d'abord en réaction à l'évolution irréfléchie et constante de la science.
À ce propos il nous dit:
« Avant que les chercheurs ne deviennent chercheurs, ils devraient être philosophes. Ils devraient se demander ce qu'est le but de l'homme, ce que l'humanité doit créer. »
Il poursuit en disant ceci:
« Si nous avons une crise alimentaire, elle ne sera pas due à l'insuffisance du pouvoir productif de la nature, mais à l'extravagance du désir humain. »
Je vais arrêter là pour aujourd'hui, même s'il y aurait beaucoup de choses à dire. N'hésitez surtout pas à lire son livre : « La révolution d'un seul brin de paille », il aborde pleins d'autres sujets qui mérite d'être creusés. En tous cas, il est pour moi un personnage plein de sens, qui loin de tout dogmatisme a développé des techniques agricoles simples, productives, dans un profond respect de l'Homme et de son environnement.
J'en terminerais avec cette citation de M. Fukuoka, qui me parle beaucoup et surtout qui répond parfaitement à tous ceux qui pensent que seul ou sans moyens, on ne peut rien faire :
« Avec cette paille, moi, tout seul, je vais commencer une révolution. »
Philippe Vieilleden
bonjour, et merci pour votre blog. je cherche des informations sur les techniques de recoltes des cerales de mr fukuoka masanobu, et toutes les etapes jusqu a l elaborations de farines. merci d avance
fred