L’art pictural sombre et torturé de Sophie Laronde

Temps de lecture: 8 min

Sophie Laronde est née à Paris, par une journée de juin 1980. Elle porte très mal son nom car c’est une blonde sèche et noueuse, qui vous perce de ses yeux bleus et vous décoche un sourire rouge et narquois, pareille à ces corps qu’elle se plait à tendre, les hachant, les triturant, les tordant, leur infligeant les pires sévices de ses feutres avec un art du détail et une inspiration qui prend ses sources dans un onirisme intense, ses obsessions, son vécu. La folie, les lubies sexuelles présentées au spectateur dérangent, mordent, hululent, et c’est pour notre, votre plus grand plaisir. Sophie Laronde aime, boit, fume et vit et surtout dessine dans une petite contrée de l’Indre.

Paul d’Ysieux

Rencontre :

Julia — Salut Sophie Laronde, présente-toi en 5 mots si t'es cap !
Sophie — Han.. Trop dur. Bon. Je réfléchis.
— Non non, spontanée , girl !
— Troublée, touchée, ombre, lumière puis euhhh… instinctive !! Mi pute mimolette ! Ahah

Céline — Ton premier dessin ?
— Oui ? Quoi mon premier dessin ?
— Tu t'en souviens ? Tu peux nous en dire deux mots ?
— Non, j'avais 2 ou 3 ans...
— Et depuis que tu dessines et que tu es grande ^^
— Peut-être était-ce un gros tas crayonné... Oui ! c'était 2 langues qui s'entremêlent.
— Comme tu veux : soit on garde « gros tas crayonné », soit tu nous parles de ton premier dessin, quand tu as pris ce chemin.
— Moi j'aime mieux le dessin caca crayonné ! ahah

— Le dessin qui te plait le moins de ceux que tu as fait ces 6 dernières années ?
— Déjà, ça fait un an et demi que je dessine « sérieusement », c'est à dire tous les jours.
— Donc, depuis un an et demi, c'est lequel que tu aimes le moins?
— Mes dessins d'il y a un an et demi, je n'en suis pas contente, ils ne sont pas habités. Ceux que je fais maintenant commencent à l'être, je crois. Tous ceux du début, où je me cherchais, étaient dans le vague.
— C'est à dire... dans le vague ?
— Cherchant mes sujets, mon trait, mon encrage, ma fluidité.

— Tu nous parles d'un dessin en particulier ?
— J'aime celui de la sirène unijambiste qui vend des colliers en peau de dauphins. Mon autoportrait aux anguilles aussi. Le cœur qui coud les yeux mammouth aussi mais dès qu'un dessin est fini, j'ai du mal à l'apprécier. Je n'ai pas beaucoup de recul j'aime vite passer à un autre.
— Comment décrirais-tu ton imaginaire ?
— Mes dessins, je les rêve, les fantasme ou les vis !
— si tu devais donner deux ou trois mots pour décrire cet imaginaire ?
— Des sujets comme la sexualité, l'onirisme, la monstruosité, que je trouve belle, me touchent. J'aime chercher ce qui me trouble dans l'humanité. J'aime dessiner ce qui me pique au cœur.

 

— On a pu remarquer sur la toile que certaines de tes œuvres étaient censurées, on te propose un droit de réponse (aux censeurs^^).
— Je réponds aux délateurs, les censeurs, c'est les admins de Facebook, je leur ai fait une jolie photo de mon cul, je pense qu'ils l'ont appréciée, car pas censurée. La délation et la censure me pousse à détourner les choses que je veux exprimer, et donc à réfléchir, je trouve ça bon pour moi. Le pire, ce que je ne ferai pas, c'est de m'autocensurer.
J — tu leur dirais merci avec le cul, en gros ?
S — Je leur dis surtout qu'ils me motivent à continuer, que sans eux, je m'amuserai peut-être moins, mais je ne cherche pas la censure.
C — Qu'est-ce qui a fait que le dessin a prit cette place primordiale dans ta vie?
— Je crois que j'ai enfin trouvé le moyen de m'exprimer qui me plait, et  également que tout « artiste » fait sa psychanalyse en produisant.

C — S'agit-il d'un acte de résistance, comme le dit Gilles Deleuze, et comment il a changé ta vie ?
S — Je ne sais pas, de Deleuze, je ne connais que son Abécédaire. Je crois plutôt que je me laisse enfin aller à ce que je veux.
— On peut aussi lire nécessité, genre pas moyen de vivre sans...
— Oui, voilà, C'est ça ! Je ne peux plus vivre sans, ça me réveille la nuit, me sort du lit le matin.

— Existe-t-il une relation entre tes dessins et tes créations en tant que couturière ?
— Non. Aucun rapport. Quand je couds, c'est pour les autres. Quand je fais du pochoir aussi, quand je dessine c'est pour moi avant tout, pour avancer.
— J'ai une petite demande perso... Un projet de cartes à jouer ? Est-ce que c'est en projet ? Est-ce que ça te plairait de dessiner pour d'autres support que le cahier ou le textile ?
— Oui, bien sur ! Si j'ai les moyens de faire l'expo dont je rêve un jour, il n'y aura pas que des dessins encadrés cloués aux murs. Je veux habiter un espace, le transformer, en faire un monde, un univers, que les gens s'y perdent, s'y trouvent... s'y troublent, surtout !

— Est-ce qu'un artiste a eu un réel impact sur ton travail, si oui lequel ? Lequel tu peux répondre artiste et/ou impact comme tu veux.
— Oui plein ! Attends, je cherche leurs noms. J'ai une mémoire de poisson rouge. Molinier, Bellmer, Diane Arbus, Benedek. Rooo... tant d'autres. Des films aussi.
— Et bien, disons toutes disciplines confondues, ceux qui te touchent le plus, qui t'ont amenée le plus loin dans le dessin, tu peux en dire 3.
— Les films de Scola, pour leur poésie, les photos de Molinier et les dessins de Bellmer, mais d'autres m'échappent ! ça m'énerve !
— T'inquiètes, c'est le jeu !

J — Si tu étais un livre?
S — Rooo.... Je suis incapable d'être un seul livre.
C — Si si ! Choisis un pour aujourd'hui, un pour hier et un pour le mois prochain !
— Pour hier, je serais un Roald Dahl, il a illustré mon enfance avec de merveilleuses histoires.
J — Le titre ?
S — Matilda ou Fantastique Maître Renard. Il y a toujours une double lecture chez lui, une pour enfant, l'autre pour grand enfant.
J — Celui d'aujourd'hui ?
S — Caroline Lamarche : Mira, et Le Maître et Marguerite de Boulgakov.
C — Et celui de demain ?
S — Jeanne Favret-Saada, Désorceler et Les Mots, la Mort, les Sorts.

J — Si tu étais un morceaux de musique ? T'as le droit à deux si c'est trop dur.
S — Un truc qui met en transe, un peu effrayant...
J — Un titre qui te correspond, parmi les millions de morceaux que tu connais
S — C'est difficile vos questions car il faut que je dise ce qui me décrit le mieux, et pas ce que je préfère.
J — Si tu le préfères, c'est qu'il te décrit quand même un peu.
S — Alors un mélange de The Residents, Magma, Cut Hands. Bref, ces musiques qui te plongent directement dans un univers.

J — Si tu étais un film ?
S — Le bal.
C — Yep ! Ton tube du moment...?
S — Double Nelson - Michèle, j'ai envie de me frotter quand j'écoute ça !
J — Hahaaaa frotti-frotta. Quel est le truc le plus fou que tu voudrais réaliser un jour ?
S — Voler ! sans machine, hein ! Me jeter d'une falaise et voler au lieu de chuter.
— Il y a des vêtements adaptés pour ça tu sais :)
S — Voler nue ! Bien sur !
C — Allez,  the last question, on te la pose toutes les deux : Un mot, une citation, un message, ce que tu veux le mot de la fin t'appartient, merci pour ce que tu fais.
S — Le mot de la fin, c'est que je n'en suis qu'au début !
J — Rhaaaaaaaa! Je kiiiiiiiiif ce mot de la fin !
B — Magnifique ! Merci !
S — Merci à vous mes chéries !


Contacts :

http://sophielaronde.tumblr.com/
http://douceetchaude.tumblr.com/
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2 commentaires sur “L’art pictural sombre et torturé de Sophie Laronde

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