— Salut, peux-tu te présenter et définir ton art pour les lecteurs d'Unf.Rez ?
Salut ! Carole Loillier, sculptrice sous le pseudonyme « K ». Pour ce qui est de la « forme » c'est un art figuratif très imprégné de symbolisme, style que j'aime particulièrement pour la transcendance et la poésie qu'il m'inspire.
Pour ce qui est du « fond », j'ai souvent réfléchi à la question car mes sculptures n'expriment pas toutes la même chose, certaines sont tourmentées, d'autres sont plus positives, j'exprime ce que je ressens sur le moment que ce soit bon ou mauvais et l'ensemble de mon travail ne délivre aucun message précis. Mes sculptures sont à mon image, en perpétuel mouvement… Mais l'Art lui-même évolue sans cesse et j'en arrive à penser que quoiqu'il puisse exprimer de sombre ou de lumineux et quelque soit le message, il n'est en fait rien d'autre que notre volonté de transformer le monde.
— Comment en es-tu arrivé à ce type de sculpture, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Je suis autodidacte ; petite, je dessinais beaucoup, héritage de mon père. La sculpture est entrée très tôt dans ma vie. J'ai travaillé la pierre durant de nombreuses années à la façon d'un artisan pour diverses entreprises de matériaux. Les aléas de la vie m'ont ensuite amenée à une totale remise en question, mon rapport à la sculpture a radicalement changé et depuis, c'est au travers de l'argile que j'apprends à me connaitre et que j'explore le monde.
— Quelle différence majeure trouves tu entre la sculpture sur pierre et celle sur argile, que t'as apporté ton passage par la pierre ?
Je pense que la pierre m'a appris les bases de la sculpture. N'ayant pas « droit à l'erreur », elle oblige à anticiper, à construire et à structurer les formes pas à pas. Elle met en évidence ce qu'est concrètement le sculpture : de la géométrie dans l'espace.
Mon rapport à l'argile est bien différent. Sa souplesse, sa malléabilité offrent une plus grande liberté de mouvement. On peut la transformer à l'infini, l'imagination peut s'exprimer à n'importe quelle étape de la réalisation. Ainsi l'argile révèle de façon plus évidente l'espace de liberté qui existe à l'intérieur même des contraintes qu'imposent la matière.
— On sent dans certaines de tes œuvres aussi bien un coté spirituel, que ludique parfois, et même torturé pour certaines oeuvres, quelles sont tes sources d'inspiration ?
Je pense que mes sculptures sont le reflet d'un cheminement intérieur avec tout ce qu'il peut contenir de doutes, de remises en questions et de croyances… Mes inspirations sont innombrables, c'est la vie en fait…
Quelques œuvres présentées lors de notre premier sujet :
— Est-ce que l'environnement ardéchois verdoyant, où tu vis, influe sur ton processus de création ?
Oui, l'environnent a un impact considérable sur notre vie, il est malgré nous ce qui nous sert de miroir. La perception que l'on a de soi et du monde diffère selon nos conditions de vie.
La nature nous ramène à l'essentiel.
— Tes projets et actus ?
J'ai arrêté les projets ! Surtout ceux que l'on dit « grands » ou « à long terme »… Depuis, je vais beaucoup mieux ! J'avance pas à pas avec de petits projets à court-terme, facilement accessibles, de ceux qui donnent naissance par exemple à la fabrication de « vraies tirelires à casser », actuellement en vente. Le genre de petit truc anodin qui soulève en fait des questions de fond…
Pour ce qui est des expos, la prochaine « sure » est prévue pour le mois de septembre à Lausanne, sinon rien de prévu avant ça…
— Quelle est ta vision de la culture en France et quels sont tes chevaux de bataille ?
Je crois qu'il n'y a pas de place pour la Culture dans un système comme le notre. Si elle veut garder son « pouvoir », la classe dirigeante n'a aucun intérêt à « éveiller » le peuple. La Culture est selon moi « le nerf de la guerre » parce qu'elle détient un énorme pouvoir émancipateur. Tout ce qui pourrait amener l'homme à réfléchir sur sa condition, sur ce qu'il est vraiment est soit écarté, soit récupéré pour être transformé en marchandise. Un bel exemple est celui du mouvement punk qui résonne aujourd'hui comme un style vestimentaire avant tout.
Il est maintenant évident que la Culture, celle qui crée, celle qui instruit, celle qui parle vraie, qui interroge et remet en question est « souterraine » mais… la terre est fertile !
Pour ce qui est des chevaux de bataille j'aime beaucoup tout ce qui invite à la réflexion, je n'ai aucun à priori quant à la discipline ou thème abordé, tant que ceux-ci me permettent de nourrir mon imagination et d'appréhender la réalité différemment.
— Si tu étais une chanson, un livre, un film ?
Une chanson de CocoRosie, « Raphael ».
Un livre de Werber, « les Thanatonautes ».
Un film de Cronenberg, « eXistenZ ».
— Le mot de la fin pour Unfamous Resistenza ?
Déjà merci pour ce partage !
Unf.Rez, comme beaucoup d'autres assos qui travaillent à préserver la Culture, est selon moi le terreau duquel peut encore germer la vie...
Contact :
- Carole Loillier fut l'une des premiers artistes exposés sur notre blog, peu de temps après sa création (voir ici). Nous vous proposons aujourd'hui de (re)découvrir « K » à travers ses dernières créations et une interview.
Du 13 ay 17 mars 2018 l'ACADEMIE LYONNAISE DE PEINTURE organise un salon au Palais Bondy, très beau lieu dans le centre de LYON auquel nous souhaiterions accueillir vos sculptures. Si vous êtes intéressée, vous pouvez me contacter au 0663986168
merci
Mme PELLETIER
Communications